À Douala, une campagne pour réparer les visages cassés
Des enfants camerounais atteints de malformations faciales bénéficient actuellement d'une campagne d'opérations gratuites à Douala.
Les deux tentes sont bondées. Il a fallu en ajouter une troisième pour que tout le monde soit bien installé, à l'abri du soleil, en cette matinée du 14 mars à l’hôpital militaire de Douala. Les occupants de ces abris de fortunes, essentiellement des enfants avec leurs parents, sont atteints du noma, une maladie liée à la malnutrition et à une mauvaise hygiène dentaire.
Ils sont tous là pour bénéficier d'une campagne de chirurgie gratuite. Initiée par l'association française "les enfants du noma" et l'association camerounaise "Noma Fund", cette opération est prévue jusqu'à la fin du mois de mars. Une bonne nouvelle pour les personnes atteintes de ce mal qui ronge leur visage avant de... les tuer.
Un afflux massif
Si de nombreux parents d'enfants malades se sont déplacés pour bénéficier de cette chirurgie gratuite, la majorité d'entre eux ont dû repartir bredouilles. Car pour se faire opérer, un enfant doit peser au moins 6 kilogrammes. Alors que les trois premiers bébés présentant des anomalies sur le visage ont été renvoyés chez eux vu leur faible poids, le premier enfant à avoir bénéficié d'une opération est Mystère Glorieux, une petite fille d'à peine 6 mois.
Quelques heures seulement après le début de cette première journée d'opérations gratuites, plus de 110 patients ont été enregistrés. Parmi eux, beaucoup n'ont pas hésité à parcourir des centaines de kilomètres. C'est notamment le cas de Julio, un jeune papa venu de Yaoundé avec son fils de 20 mois qui est né avec une malformation au niveau de la lèvre. "A l’hôpital où il était suivi, on m’a demandé d’attendre qu’il soit un peu plus grand. Comme j’ai vu aux informations qu’une campagne avait été lancée, je n’ai pas hésité à en profiter. J’ai bon espoir que le bon Dieu va aider les médecins à bien accomplir leur tâche", nous explique-t-il.
Le succès de cette opération a de quoi ravir l’ancien footballeur camerounais Joseph Antoine Bell, vice-président du Noma Fund. "Je ne m’attendais pas à voir autant de monde. Je ne m’attendais pas à ce que notre message soit entendu si loin et par autant de monde. J’en ai la chair de poule", nous avoue l'ex gardien de but des Lions Indomptables. Avant de rappeler que l'objectif est de "faire en sorte que ceux qui ne rient jamais puissent connaître le sourire, puissent se rendre compte que d’autres hommes pensent à eux, qu’ils ne sont pas seuls et qu’ils puissent quelque part aussi toucher à, la solidarité humaine".