Algérie : Les diabétiques privés des nouveaux traitements
La prise en charge des diabétiques connaît un certain retard en Algérie. Les patients ne bénéficient toujours pas des nouveaux traitements du diabète.
Sur le traitement du diabète, l'Algérie est à la bourre ! Le constat est simple à poser : les diabétiques du pays ne bénéficient pas des dernières innovations thérapeutiques. La prise en charge des personnes atteintes de diabète connaît "un certain retard par rapport aux nouvelles molécules qui figurent dans les nouvelles recommandations internationales", explique le Pr Amine Chami, chef de service au CHU d'Oran, en marge des 2èmes journées internationales de médecine interne.
"Deux nouvelles molécules, en l’occurrence les analogues du GLP-1 et les inhibiteurs SGLT-2, ont prouvé leurs efficacités sur le cœur et les reins, et sont recommandées pour les patients qui ont des manifestations cardiovasculaires", détaille le médecin. Mais si ces molécules permettent de réduire la mortalité chez les diabétiques qui décèdent à cause de problèmes cardiaques ou rénaux, elles ne sont pas pleinement disponibles ou accessibles en Algérie. Les GLP-1 sont disponibles... mais ne sont pas remboursables (le coût mensuel d'un traitement à base de GLP-1 dépasse les 12.000 DA soit plus de 90 euros). Les SGLT-2 n'ont quant à elles même pas encore été introduites sur le marché algérien !
Des patients de plus en plus nombreux
Le "marché" est pourtant là ! Une enquête réalisée en 2017 par le ministère de la Santé, avec l’OMS, a révélé qu'environ un Algérien sur 6 souffre de diabète. C'est presque deux fois plus qu'en 2000 ! Aujourd'hui, près de 6 millions d'Algériens en sont victimes et le nombre de cas continue d'augmenter.
L'absence et la non prise en charge des nouveaux traitements est donc regrettable, surtout quand les géants du secteur pharmaceutique sont déjà présents sur le territoire. Parmi les "labos", Novo Nordisk détient, à Tizi Ouzou, une unité de production d’anti-diabétiques oraux alors que Sanofi possède "le plus grand complexe pharmaceutique d’Afrique" à Alger. Autant dire que l'offre est disponible "à domicile" !
Une dépense... pour des économies?
Des études ont démontré que ces nouvelles molécules (GLP-1 et SGLT-2) pourraient réduire le taux d'utilisation de l'insuline entre 8 % et 24 % et rapporter ainsi des économies qui se compteraient en milliards de dollars pour l'Etat. Qui pourrait ainsi s'y retrouver...
De quoi pousser les autorités sanitaires à revoir rapidement leur prise en compte de ces nouveaux anti-diabétiques qui permettent de réelles avancées dans le contrôle du risque cardiovasculaire et dans celui de l’hypoglycémie. Si tout le monde y gagne, quel est le problème ?