Alzheimer au Cameroun : non, ce n’est pas sorcier !
Mal connu au Cameroun, l'alzheimer est considéré comme de la folie ou de l'ensorcellement. Pour sensibiliser et contrer ces préjugés, un atelier est annoncé pour décembre prochain.
Quand le cerveau perd la tête… c’est souvent "Alzheimer". Cette maladie se caractérise par la mort de neurones, des cellules du cerveau, ce qui impacte le le comportement du malade. Selon le Dr Ginette Youatou, médecin de travail et consultante en gériatrie à Douala (Cameroun), le diagnostic est d'abord basé sur des "arguments cliniques". C'est-à-dire les faits observés : des examens sanguins pour détecter des protéines toxiques (Tau et bêta-amyloïde, responsables de la destruction des neurones) et un scanner cérébral (car la maladie rend le cerveau plus petit).
Facteurs de risques et symptômes
La maladie d'Alzheimer apparaît dès l’âge de 65 ans et plus, bien qu'on ait observé des malades "précoces" âgés de 55 ans, voire 45 ans dans des cas où l'hérédité joue. D'après notre spécialiste, les sujets souffrants de “trisomie 21, d’obésité, de diabète, de sédentarité, d'hypertension artérielle, de maladies cardiovasculaires…” sont les plus exposés.
Par ailleurs, l'alcool, le tabac, la pollution, le stress chronique, la dépression, l’intoxication par certains métaux seraient aussi des facteurs de risques. Les conséquences sont souvent lourdes : perte de la mémoire, de la raison, du langage, de l’autonomie (difficulté à exercer les tâches habituelles ou banales), de l’orientation dans le temps et l'espace (on ne maîtrise plus les dates, ou ne se souvient plus de son chemin).
En outre, comme l'illustrent les témoignages de familles de patients Alzheimer que nous avons recueillis, on observe chez les malades un changement d’humeurs (colère, agressivité), de comportements (crainte, anxiété), voire une incapacité à assurer leurs fonctions naturelles. Si rien n’est fait, la mort peut s'en suivre surtout en cas de pneumonie et l’incapacité à avaler des aliments.
Peut on éviter Alzheimer ?
Même si la maladie reste mystérieuse, il est évidemment possible de vivre longtemps sans être touché. Les médecins conseillent des exercices physiques réguliers, une alimentation bien équilibrée, et une constante activité intellectuelle, pour bien stimuler le cerveau. Toutes les activités, même la discussion et le jeu, bref, tout ce qui fait appel au cerveau sont recommandées !
Sensibilisation et prise en charge
Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), 33 millions de personnes sont touchées dans le monde par Alzheimer. 8% de ces cas seraient en Afrique, soit 3 million de personnes vivant avec la maladie sur notre continent. Pourtant, au Cameroun, aucun chiffre ! Pourquoi ? Les malades seraient gardés voire cachés dans les domiciles !
“Les familles, les soignants et même les pouvoirs publics” n'ont pas encore bien appréhendé la maladie d’après le Docteur Youatou. Selon elle, les sujets malades sont considérés comme victimes ”d’envoûtement ou de sorcellerie”. En vue de défaire ces préjugés, l’Association “Comprendre la Maladie d’Alzheimer (ACMA), organise de temps à autres des campagnes de sensibilisation et de formation des actants (soignants, aidant familial…).
Prochain rendez-vous prévu les 6 et 7 décembre 2019 pour un atelier de formation. Entre autres objectifs : faire comprendre les mécanismes de la maladie, faire connaître les attitudes et comportements à adapter face à une personne malade, évacuer les préjugés pour éviter le repli sur soi et l’isolement social de son proche qui progressivement aura du mal à se faire comprendre. Alzheimer, c'est décidément l'affaire de tous !