Au Bénin, la lèpre existe encore
La fin du mois de janvier est marquée par la journée mondiale de la maladie de la lèpre qui est célébrée cette année, les 29, 30 et 31 janvier. Au Bénin, les efforts se multiplient pour éliminer cette maladie qui touche chaque année 200 concitoyens.
La lèpre est une réalité. D'après les chiffres officiels, "216.108 cas de lèpre ont été enregistrés" en 2019 dans les 145 pays des zones couvertes par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Au Bénin, cette maladie, autrefois considérée comme un envoûtement, touche chaque année quelques 200 personnes. Pour le Pr Francis Chaise, chirurgien orthopédiste et directeur du programme lèpre à l'Ordre de Malte France, c'est sans doute bien plus : "les chiffres de l'OMS sont des tendances. Mais compte tenu des difficultés de diagnostics et d'accès aux malades, le nombre de malades est très probablement sous-estimé". Ce qui expliquerait pourquoi les ONG estiment que le Bénin fait partie des pays africains où la lèpre est toujours endémique.
À l'occasion de l'édition 2021 de la journée mondiale des lépreux (nom des malades de la lèpre), ces 29, 30 et 31 janvier, des séances de sensibilisation seront effectuées "dans la zone Savè-Ouessè, un peu plus ouverte à cette vielle maladie au cours de l'année 2020" explique Jean Gabin Houezo, Coordonnateur du Programme National de Lutte contre la Lèpre et l'Ulcère de Buruli. Une allocution du ministre de la Santé Benjamin Hounkpatin est également prévue, à la télévision nationale, pour sensibiliser sur la maladie, à l'heure où le Covid-19 mobilise tous les professionnels de santé.
Pas facile à vivre
Beaucoup de personnes atteintes de la lèpre au Bénin sont stigmatisées et rejetées par la société et leur famille. Une discrimination injustifiée qui résulte du manque d'informations autour de cette maladie tropicale négligée. Aujourdhui encore, nombreux sont les Béninois qui associent la lèpre - à tort - avec un sortilège que seul un puissant guérisseur pourrait soulager. Pourtant, lorsqu'elle est dépistée tôt, la lèpre se soigne très bien et il est possible d'éviter les atteintes les plus graves.
Mais même après guérison, la vie des malades est un parcours de combattant, tant sur le plan physique que psychologique. Alors pour les accompagner, une "école pour se reconstruire" a été créée au centre de dépistage et de traitement de la lèpre et de l’ulcère de Buruli (CDTLUB) de Pobé (sud-est). Là, des spécialistes s'occupent de la réinsertion familiale et socio-professionnelle des personnes atteintes de ces deux maladies tropicales négligées.