Au Congo-Brazzaville, le traitement de l'hépatite se heurte au mur de l'argent
Les coûts élevés des traitements des hépatites virales privent encore la majorité des malades recensés au Congo-Brazzaville d’une prise en charge efficace.
Où trouver l’argent ? C’est la question que se posent bon nombre de Congolais atteints d’hépatites B et C, de graves maladies du foie qui comptent parmi les principales causes de cancer. C'est pour sensibiliser à ce sujet qu'une journée mondiale est consacrée ce 28 juillet à la lutte contre l'hépatite virale.
Il existe cinq types de virus qui peuvent entraîner des hépatites. Ces virus sont désignés par les lettres A, B, C, D et E et ils sont particulièrement inquiétants en raison de la mortalité qu’ils occasionnent et de leur contagion.
L'importance du dépistage
Les virus des types B et C, en particulier, sont les plus dangereux puisqu'ils sont responsables d'une hépatite chronique chez des centaines de millions de personnes et sont la cause la plus courante de cirrhose et de cancer du foie. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les hépatites virales B et C touchent 325 millions de personnes dans le monde, causant 1,4 million de décès par an.
L’hépatite B est pourtant "évitable, traitable et, dans le cas de l’hépatite C, guérissable". En 2016, la ministre de la Santé, Jacqueline Lydia Mikolo, estime qu'au Congo-Brazzaville, plus de 75% des personnes atteintes par une hépatite virale l’ignorent.
Un traitement hors de prix
D'après une étude réalisée au service de gastro-entérologie et de médecine interne du Centre Hospitalier Universitaire de Brazzaville, les examens de diagnostic de l’hépatite B (prise de sang, biopsie...) coûtent aux alentours de 296.000 FCFA (l'équivalent de 450€) et ceux de l’hépatite C sont estimés à 596.500 FCFA (à peu près 910€).
Se soigner est encore plus cher... Tandis que les coûts du traitement de l’hépatite virale C sont de 1.050.000 FCFA (environ 1600€) pour trois mois, et ceux de l’hépatite B s'élèvent à près de 390.000 FCFA (environ 600€) par semestre. Autant dire que le coût du diagnostic et du traitement freinent la lutte contre ces terribles maladies.
Soutenir les malades, c'est financer leur traitement
Pourtant, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) rappelle qu'"en investissant dans les produits de diagnostic et les médicaments permettant de traiter les hépatites B et C aujourd’hui, les pays peuvent sauver des vies et réduire les coûts liés aux soins de longue durée de la cirrhose et du cancer du foie que provoque l’hépatite non traitée".
Une autre étude montre que la non disponibilité des médicaments, les prix exorbitants des antiviraux et le manque de couverture sociale constituent “des freins exposant les malades aux complications mortelles“. Les enquêteurs appelaient à “la création du programme national de lutte contre les hépatites virales au Congo Brazzaville“ pour lever ce qu’ils appelaient des “obstacles inadmissibles“. En quelques mots, la lutte contre les hépatites a, avant tout, besoin d'argent.