Au Maghreb, la rage tue encore
Au Maroc, en Algérie et en Tunisie, la rage continue de faire beaucoup de victimes.
C'est l'une des plus vieilles maladies au monde. La rage tue presque 60.000 personnes chaque année, et les enfants sont ses principales victimes. Si cette maladie infectieuse d’origine virale touche plus de 150 pays et territoires selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), elle est encore plus coriace au Maghreb.
Que ce soit au Maroc, en Algérie ou en Tunisie, la rage continue de se propager, malgré l'existence de différentes stratégies nationales de lutte contre cette maladie principalement provoquée par un virus (de la famille des Lyssavirus). Ce virus se retrouve généralement dans la salive de certains animaux. Les chiens sont à l'origine de 99 % des cas de transmission à l'homme, et le virus se transmet généralement par morsure, léchage ou encore par griffure.
L'échec des stratégies nationales
Au Maroc, il y a chaque année plus de 400 cas de rage animale. Un chiffre qui symbolise l'échec de la stratégie nationale de lutte contre la rage, comme en témoigne cette statistique : le nombre de décès lié à la rage dépasse toujours les vingt morts par an. Et la stratégie nationale, qui repose sur trois axes à savoir la vaccination des chiens à propriétaires, l’élimination des chiens errants et la sensibilisation notamment en milieu rural, est de plus en plus critiquée par les associations marocaines de protection animale.
En Algérie, la rage tue chaque année entre 15 et 20 personnes. Près de 120.000 personnes y sont mordues annuellement. Des morsures qui posent un problème de santé publique pour la population, car la négligence du risque de transmission de la rage et le non-recours à la vaccination freinent le programme de lutte contre la maladie.
Du côté de la Tunisie, la mortalité humaine a diminué depuis le lancement du programme national de lutte contre la rage (PNLR). Des campagnes de vaccination sont lancées gratuitement depuis des décennies mais là encore, l'abattage des chiens errants est pointé du doigt par les activistes de la cause animalières.
Une technique expéditive et inefficace
Au-delà des spécificités locales, il y a une évidence dans toute la région du Maghreb : les chiens errants posent problème. Leur abattage a été pratiqué partout, sans avoir de bons résultats. Aujourd'hui, plusieurs associations militent pour des méthodes plus scientifiques.
Des techniques appelées TNR (Trap Neuter Release) seraient plus efficaces et moins sauvages. Il s'agit de capturer les chiens, les vacciner, stériliser avant de les relâcher dans l’endroit de leur capture. Expérimentée à Agadir ou encore à Tanger, cette technique est encore "oubliée" par un bon nombre de responsables qui préfèrent abattre les chiens errants. Jusqu'à quand ?