Au Maroc, la tuberculose bovine inquiète
Les centres hospitaliers de Settat ont tiré la sonnette d’alarme sur une recrudescence préoccupante des cas de tuberculose. Le colportage du lait est suspecté.
Les autorités sanitaires s’inquiètent. A Settat, une augmentation significative des cas de tuberculose a été signalée par les autorités sanitaires de la ville. Dans une note adressée au pacha de Settat, le délégué provincial du ministère de la Santé de la région Casablanca-Settat a déclaré que "les centres hospitaliers de la ville enregistrent une hausse notable des cas de tuberculose, en particulier dans le centre de santé Al Khair". Une enquête a été diligentée par le ministère de la Santé, le 14 juin dernier, pour déterminer les causes de ces contaminations.
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La tuberculose est due à une bactérie (Mycobacterium tuberculosis) qui touche le plus souvent les poumons. Considérée comme la deuxième maladie infectieuse la plus mortelle, on peut la prévenir et la soigner. La tuberculose se transmet d’une personne à l’autre par voie aérienne. Quand une personne ayant une tuberculose pulmonaire tousse, éternue ou crache, elle projette des bacilles tuberculeux dans l’air. Il suffit d’en inhaler seulement quelques-uns pour s’infecter.
Et comme la tuberculose est souvent silencieuse lors des premiers mois, de nombreux malades tardent à consulter. De quoi favoriser la transmission de la maladie. Mais selon le délégué provincial du ministère de la Santé de Casablanca-Settat, la hausse des cas s'expliquerait par le phénomène de colportage de lait.
La tuberculose bovine, c'est quoi au juste ?
La tuberculose peut aussi être bovine. Il s'agit d'une maladie infectieuse transmissible à l'homme (zoonose) causée principalement par la bactérie Mycobacterium bovis (M. bovis). Celle est étroitement apparentée à la bactérie responsable de la tuberculose humaine et aviaire. Cette bactérie peut infecter de nombreuses espèces domestiques et sauvages, particulièrement les bovins et les cervidés, mais aussi les sangliers, blaireaux ou renards.
Chez les bovins, l’infection est souvent inapparente, les symptômes cliniques n’apparaissant que tardivement au cours d’une évolution qui est en général très longue. Ce sont notamment les pertes indirectes que cette maladie génère qui ont un fort impact économique pour la filière (impossibilité de vendre des animaux vivants, le lait cru, les semences, etc.).
Attention au lait cru
Si Mycobacterium bovis n’est pas le principal agent
responsable de la tuberculose humaine, qui est
due à M. tuberculosis, l’homme reste sensible
à la tuberculose bovine. Il peut contracter cette maladie à la fois en consommant du lait cru provenant de
vaches infectées ou en inhalant des gouttelettes
infectieuses. Selon les estimations de l'Organisation mondiale de la santé animale, dans certains
pays, jusqu’à 10 % des cas de tuberculose humaine
sont d’origine bovine.
Au Maroc, la tuberculose bovine sévit dans de nombreux foyers d'élevages. Elle est même régulièrement repérée dans les abattoirs nationaux, avec une prévalence moyenne de 1,7% entre 2000 et 2010. Et selon l'Office régional de mise en valeur agricole du Doukkala (ORMVAD), le lait colporté représente la moitié de la production laitière dans la région. Résultat, les populations sont souvent exposées au risque de tuberculose par consommation de viande de bovins ou de lait cru de vache. Jusqu'à quand ?