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Au Maroc, les enfants dyslexiques peinent à trouver leur place à l’école

Entre rejet et incompréhension de leur trouble, les élèves dyslexiques ont du mal à s’intégrer à l’école. Une situation qui met leur scolarité en péril au point de pousser certains à abandonner les bancs de l’école, comme nous l'explique Hind Amouzoune, orthophoniste.

Kaoutar Adghirni
Rédigé le , mis à jour le
Hind Amouzoune est orthophoniste à Agadir  —  Kaoutar Adghirni

Entre 5 et 10 % des écoliers du primaire et du collège sont atteints de dyslexie, selon les estimations du ministère marocain de la Santé. Souvent marginalisés et isolés, ces enfants doivent lutter pour avoir une place à l’école en l’absence d’une prise en charge adéquate. Celle-ci est loin d’être idéale, car le pays connaît un déficit au niveau des actions de sensibilisation sur ce trouble. Pour en savoir plus sur la dyslexie, nous avons échangé avec Hind Amouzoune, orthophoniste exerçant dans un cabinet à Agadir.

Allo Docteurs Africa : Tout d'abord, qu'est-ce que la dyslexie ?

Hind Amouzoune : La dyslexie est un trouble de l’apprentissage de la langue qui se manifeste par une difficulté sévère d’acquisition de la lecture et de l’orthographe. Je souligne le terme "trouble" qu’il ne faut pas confondre avec les difficultés passagères de l’apprentissage que peut avoir un enfant durant sa scolarité. La dyslexie est d'origine neurologique et les personnes qui en souffrent éprouvent une grande difficulté à lire et à différencier des mots ou des lettres proches. La lecture et l’écriture d’un simple texte deviennent alors une tâche épouvantable et stressante, ce qui affecte négativement l'état psychologique de l'enfant.

A.D.A : Pensez-vous que les parents soient bien informés sur ce trouble au Maroc ?

H.A : Il y a une prise de conscience progressive chez les parents de l’existence des troubles de l’apprentissage de la langue en général grâce à Internet. L’information est plus que jamais accessible et cela nous aide en tant que spécialistes dans le processus de la prise en charge. Néanmoins, il faut souligner que beaucoup de parents refusent d’admettre le diagnostic de la dyslexie. D’autres ne se soucient que des résultats des examens scolaires et cherchent des solutions "magiques" pour la réussite de leurs enfants au détriment de la prise en charge globale et efficace.

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A.D.A : Qu’en est-il de l’intégration des enfants dyslexiques à l’école ?

H.A : Les élèves atteints de dyslexie fournissent plus d’efforts pour apprendre et requièrent donc une assistance particulière de la part des enseignants. Malheureusement, le besoin d’attention n’est pas toujours comblé chez ces enfants qui sont souvent mis de côté ou rejetés par les enseignants et parfois aussi par les parents. Personnellement, je ne les pointe pas du doigt car ils sont peu sensibilisés sur ce sujet. La sensibilisation, c’est là où le bât blesse au Maroc. Et c’est la responsabilité commune de l’État, des écoles privées, et de la société civile.

Le ministère de l’Éducation a mis en place des mesures pour assister "les personnes en situation de handicap" durant les examens nationaux. C’est un point positif, mais encore faut-il accompagner ces enfants durant leur parcours scolaire et leur assurer une prise en charge gratuite.

A.D.A : Sur quoi repose le traitement des troubles de l’acquisition du langage ?

H.A : La prise en charge de ces troubles commence d’abord par l’établissement du bon diagnostic. Plus le diagnostic se fait de manière précoce (entre 2 et 5 ans), mieux sont les résultats du traitement orthophoniste. Ce dernier repose sur des activités ludiques en fonction du type du trouble. Pour faire simple, nous apportons des astuces et des méthodes pour faciliter l’apprentissage de la langue.  

En plus des séances d’orthophonie, un suivi neurologique et psychologique peut s’avérer nécessaire en fonction des cas. Il faut dire que la majorité des enfants que je reçois souffrent d’un terrible manque d’estime de soi en raison de l’incompréhension de leur problème. Ils ont longtemps été considérés comme des "imbéciles" ou des fainéants. J’appelle à cette occasion les enseignants et les parents à faire attention à ce volet qui est la clé de la réussite de la prise en charge globale.

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