Au Maroc, les violences conjugales explosent avec le confinement
Après les premiers jours de confinement, les chiffres montraient déjà une augmentation des violences conjugales au Maroc. Une tendance à la hausse confirmée par le dernier rapport de la Fédération des ligues des droits des femmes (FLDF).
4.663. C’est le nombre de violences enregistrées par la Fédération des ligues des droits des femmes (FLDF). Au Maroc, la période de confinement a eu pour conséquence une augmentation des violences faites aux femmes. Et selon la FLDF, ce sont les violences psychologiques - les plus difficiles à prouver - qui arrivent en tête des plaintes enregistrées. Ces violences se traduisent par un comportement agressif envers le conjoint, de la manipulation, des menaces… Elles peuvent mener à des traumatismes psychologiques comme l’anxiété constante, la dépression chronique ou encore à un trouble post-traumatique.
La fédération met aussi l'accent sur les violences économiques. Celles-ci consistent à contrôler la vie d’autrui par l’argent, en le privant de ses ressources, en surveillant ses dépenses ou encore en l’empêchant d’atteindre une indépendance financière. Quant aux violences physiques, elles représentent environ 15% du nombre total de plaintes enregistrées. Lors de la période de confinement au royaume, la FLDF a recensé 709 actes de violences, dont un meurtre et une tentative de meurtre.
Le tabou continue
Selon Latifa Bouchoua, présidente de la FLDF, la vraie problématique est la non-déclaration des actes de violences dans le couple. "Les plateformes d'écoute et d'orientation juridique et psychologique mises en place par la Fédération et le Réseau lddf-injad contre la violence basée sur le genre, depuis le 16 mars 2020 à la disposition des femmes, ont reçu 1.774 appels téléphoniques pour déclarer des violences émis par 1.038 femmes à travers le Royaume", a expliqué Latifa Bouchoua, lors de sa conférence sur la violence à l’égard des femmes.
Seules 5,1% des plaintes concernent les violences sexuelles. Bon nombre de femmes mariées n’osent toujours pas déclarer qu’elles en sont victimes au sein de leur propre couple. Pourtant, la fédération lutte pour venir en aide aux victimes de violence. La FLDF a organisé 554 interventions de coordination avec les différents acteurs institutionnels durant cette période. Des services de prise en charge sont aussi en place pour accompagner les femmes afin de retrouver leur autonomie comme l’accélération de procédures, l’hébergement…