Au Maroc, une saisie importante de captagon, la drogue des djihadistes
Plus de 2 millions de comprimés de ce psychotrope à base d’amphétamines, destinés à un pays ouest-africain, ont été saisis par la police marocaine.
La police marocaine a annoncé, vendredi 4 novembre, avoir saisi plus de deux millions de pilules de captagon, une drogue de synthèse de la famille des amphétamines, et déjoué "une tentative de trafic international" de psychotropes dans le port de Tanger-Med, sur la côte nord du royaume.
"Dissimulée à l’intérieur d’un conteneur de marchandises, à bord d’un navire de transport maritime battant pavillon d’un pays européen en provenance du Liban", cette drogue a des effets secondaires sévères. Elle était destinée, selon la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), à un pays d'Afrique de l'Ouest qui n'a pas été identifié. "Les perquisitions (...) ont permis la découverte et la saisie de substances psychotropes dissimulées à l’intérieur de barils contenant des produits de consommation, soit au total 2.018.500 comprimés de Captagon", ajoute la DGSN dans un communiqué de la DGSN.
Si le Maroc est classé comme le premier producteur de cannabis au monde selon l'ONU, et une plaque tournante de la contrebande de kif vers l'Europe, les saisies d'amphétamines y sont rares jusqu'à présent.
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Une drogue prisée au Moyen-Orient
Le captagon est l'ancien nom commercial d'un stimulant synthétique autrefois légal qui désigne aujourd'hui une amphétamine illicite, devenue l'une des drogues les plus consommées au Moyen-Orient. Initialement, le captagon est l'un des noms sous lesquels la fénéthylline a été commercialisée pour la première fois après avoir été synthétisée par l'entreprise allemande Chemiewerk Homburg en 1961.
Le médicament a ensuite été breveté et vendu dans le cadre d'un traitement contre le trouble de l'attention, l'hyperactivité mais aussi contre la narcolepsie et, dans une moindre mesure, la dépression. Malgré des cas d'abus limités, le captagon a finalement été répertorié comme substance psychotrope par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Si bien qu'en 1986, il était interdit dans la plupart des pays.
Mais entre-temps, la fénéthylline est devenue suffisamment prisée dans la péninsule arabique pour que les comprimés commencent à être produits illégalement, principalement dans l'ex-Yougoslavie et en Bulgarie. Cette substance est étroitement liée à la méthamphétamine, un autre stimulant synthétique plus puissant dont on trouve parfois des traces dans le captagon. Aujourd'hui, cette drogue - connue pour son utilisation par les jihadistes de l'Etat islamique - est principalement fabriquée en Syrie et au Liban avec une production annuelle totale de centaines de millions de comprimés.
De graves effets secondaires
La consommation à long terme de la fénéthylline peut entraîner des effets secondaires tels que la dépression profonde, l'irritabilité, une vision floue et des problèmes cardiovasculaires, entre autres.
Cependant, parmi les millions de comprimés produits aujourd'hui dans des laboratoires illégaux en Syrie et au Liban, rares sont ceux qui contiennent de la fénéthylline, la formule du captagon étant devenue très variable. La plupart des pilules contiennent de l'amphétamine, mais aussi des adultérants tels que du paracétamol, de la caféine, de la quinine et diverses substances anesthésiques, toutes potentiellement nocives.
L'abus d'amphétamine peut causer des lésions nerveuses ainsi que des problèmes musculaires et cardiaques, tandis que la variété d'agents de coupe présents dans les pilules peuvent être également dangereux.