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Au Sénégal, le Parlement rejette un texte durcissant la répression de l'homosexualité

Le Parlement du Sénégal a rejeté une proposition de loi durcissant la répression de l'homosexualité.

Barou Dembélé
Rédigé le

Ils sont contre ! La majorité des parlementaires sénégalais a rejeté un texte durcissant la répression de l'homosexualité. Réuni le 5 janvier dernier, le Bureau de l’Assemblée nationale a déclaré "irrecevable" la proposition de loi déposée, il y a quelques semaines, par un groupe de 11 députés, dont au moins un de la majorité du président Macky Sall. Pourtant, les initiateurs de ce texte ont expliqué qu'il était soutenu par les chefs et les associations religieux, influents dans ce pays musulman à 95%. 

Dans un communiqué, le Bureau de l'Assemblée nationale a invoqué le fait que le code pénal sénégalais punit déjà "sévèrement" l'homosexualité, ainsi que "tous les actes contre nature et (les) attentats à la pudeur". Il juge "pertinente" la position défendue par le chef de l'Etat et les autorités sénégalaises qui refusent toute dépénalisation et légalisation de l'homosexualité.

"Pour toutes ces raisons, le Bureau de l'Assemblée nationale (...) a décidé de déclarer irrecevable cette proposition de loi", précise le communiqué. 

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Une proposition radicale

La loi existante stipule que "sera puni d'un emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 100.000 à 1.500.000 francs (152 à 2.286 euros), quiconque aura commis un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe"

Le texte rejeté mercredi proposait de modifier cet alinéa 3 de l'article 319 du code pénal pour punir désormais "d'une peine de cinq à dix ans d'emprisonnement ferme et d'une amende d'1 million à 5 millions de francs CFA (1.500 à 7.625 euros), sans possibilité d'accorder des circonstances atténuantes, quiconque aura été reconnu coupable d'actes contre nature". Outre l'homosexualité, la proposition visait "lesbianisme, bisexualité, transsexualité, intersexualité, zoophilie, nécrophilie et autres pratiques assimilées".

Le texte émanait du collectif "And Samm Jikko" (Ensemble pour la sauvegarde des valeurs, en wolof), composé "d'associations sénégalaises de tous bords qui ont pris leurs responsabilités", avait déclaré le député Mamadou Lamine Diallo, à la tête des parlementaires promouvant la proposition.

Les religieux continuent le combat

Après le rejet par le Parlement d'un texte durcissant la répression en la matière, un des plus hauts chefs religieux du Sénégal a déclaré "encourager" toutes les démarches légales contre l'homosexualité. Dans un communiqué, le khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, se garde d'évoquer le rejet de ce texte. Mais, écrit-il,"nous encourageons toutes les démarches légales visant à lutter contre ce crime odieux et dénonçons toute tentative pour le défendre".  

Le président Macky Sall, qui pense qu'interdire l'homosexualité n'est pas... homophobe, a toujours invoqué les spécificités culturelles sénégalaises pour refuser sa dépénalisation, y compris devant des dirigeants étrangers. 

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