Au Sénégal, les insuffisants rénaux se mobilisent
En sit-in dimanche 17 avril dernier à Dakar, le Mouvement des insuffisants rénaux du Sénégal (Mirs) a dénoncé la cherté de la dialyse malgré l’annonce en 2012 de sa gratuité par le pouvoir en place.
Ils sont là, ensemble, et ils sont en colère. En sit-in samedi 17 novembre dernier à Dakar, le Mouvement des insuffisants rénaux du Sénégal (Mirs) a dénoncé la cherté de la dialyse malgré l’annonce en 2012 de sa gratuité par le pouvoir en place et la "magouille" qui entoure, selon eux, le traitement de leur maladie.
Massés à la Place de la Nation avec à leur tête Elhadji Hamidou Diallo, président du Mirs et sous dialyse depuis 10 ans, ils ont fustigé le fait "qu’aucun médecin ne parle de (leurs) problèmes". Cela est la résultante "d’une magouille" qui fait que la prise en charge des hémodialysés "est chère", a-t-il assuré dans Le Quotidien. Selon Hamidou Diallo, les malades du rein paient 195.000 FCFA (297 euros) hebdomadaire pour la dialyse, "soit 849.000 francs le mois et 9 millions 600 francs l’année et 96 millions les 10 ans".
Gratuité de la dialyse... en théorie
"Ceux qui n’ont pas ces moyens sont voués à la mort. Il y a plus d’un million de personnes qui souffrent d’insuffisance rénale aiguë dans le pays et qui ne le savent pas. Il y a 20.000 patients qui ont eu connaissance de leur maladie. On les appelle les insuffisants rénaux chroniques silencieux", a-t-il poursuivi, notant que parmi ceux-ci "l’Etat ne s’occupe que de 1000 personnes".
A côté de la mise en place de la Couverture maladie universelle (CMU), une politique sanitaire du régime en place depuis 2012 pour les enfants de 0 à 5 ans, la gratuité de la dialyse a été incluse et concerne "tout patient sénégalais souffrant d’une insuffisance rénale chronique".
Une attente mortelle...
Cette gratuité compte la possibilité de subir gratuitement des séances d’hémodialyse ou de dialyse péritonéale dans l’attente d’une place en hémodialyse et la possibilité de subir des séances d’hémodialyse à un tarif réduit dans les structures privées ayant signé une convention avec l’Agence de la CMU, "en fonction des places disponibles".
Ainsi pour bénéficier de cette gratuité, "le patient doit s’inscrire sur la liste d’attente d’un centre de dialyse d’une structure publique", une attente qui peut être parfois très longue faisant que certains patients meurent avant leur ordre de passage ! Dans ces conditions, certains malades préfèrent se prendre en charge dans les structures privées où la séance est très chère. Le Mirs lance ainsi un appel à l’Etat pour faire passer "les séances de dialyse de 65.000 à 5.000 FCFA comme en Côte d’Ivoire, en Mauritanie et en Gambie" parce que l’insuffisance rénale est "plus dangereuse que le Sida, le cancer et les autres maladies et elle coute très cher". Seront-ils entendus?