Au Sénégal, les ravages des avortements non sécurisés
Alors qu’une frange de la société milite pour harmoniser la loi sur l'avortement, une autre continue sa croisade anti-IVG. Résultat, les avortements non sécurisés se multiplient au Sénégal.
Encore un drame lié à une grossesse non désirée. Dans un Sénégal où l'avortement est strictement interdit, même dans les situations extrêmes (malformation, danger pour la vie du foetus, inceste subi par la mère...) les tragédies se multiplient. Le dernier en date concerne une jeune étudiante âgée de 25 ans. Cette dernière a eu recours à un avortement clandestin. Pourtant, cette pratique représente environ 8% du taux de mortalité maternelle, selon un rapport de la ligue africaine des droits humains.
Depuis 2013, le débat sur l'avortement déchaîne les passions au Sénégal. Alors qu’une frange de la société milite pour harmoniser la loi sur l'avortement, une autre continue sa croisade contre l'interruption volontaire de la grossesse. En attendant, une femme meurt toutes les 9 minutes d'un avortement clandestin dans le monde.
Engagement non tenu
A ce jour, les Sénégalaises peuvent avorter que si leur vie est gravement menacée. Et là encore, les conditions imposées - l'accord de trois médecins et le versement de 10.000 francs CFA pour l'obtention d'un certificat médical - empêchent de nombreuses femmes enceintes d'y recourir. Un bon nombre d'entre elles optent alors pour des avortements non sécurisés et certaines pour des infanticides. Si bien que la presse locale relaie presque quotidiennement de sordides faits divers liés à la croisade anti-IVG.
Pourtant, le gouvernement sénégalais s'est engagé à autoriser l'avortement aux femmes victimes de viol ou d'inceste, en ratifiant en 2005, le protocole de Maputo. Mais depuis, aucune loi n'a été votée. Comme si la bataille pour l'élargissement de l'autorisation de l’interruption volontaire de grossesse était perdue d'avance.