Cameroun, Burundi, RD Congo, Niger... ces pays qui attendent le RTS,S, le vaccin contre le paludisme
Alors que de nombreux pays africains ont donné leur feu vert pour administrer le vaccin contre le paludisme aux enfants de moins de cinq ans, le RTS,S se fait toujours rare sur le continent. Les détails.
Il se fait attendre. Un an après la recommandation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) d’administrer le vaccin RTS,S aux enfants vivant dans les zones à risque de transmission du paludisme, cette piqûre salvatrice n'a toujours pas été déployée en Afrique.
Pourtant, une vingtaine de pays du continent ont exprimé leur intérêt pour ce vaccin. Parmi eux, on peut notamment citer le Cameroun, le Niger, le Burundi, la RD Congo et le Nigéria. Tous ces pays-candidats préparent actuellement leurs demandes de financement auprès de GAVI, l’Alliance pour les vaccins, afin qu’ils puissent recevoir rapidement le RTS,S.
Vaccin contre parasites
Causé par un parasite, le Plasmodium, qui est transmis par les moustiques, le paludisme reste un redoutable fléau, particulièrement pour les enfants africains. La malaria (autre nom du paludisme) a tué 627.000 personnes dans le monde en 2020, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Maladie très ancienne, signalée dès l'Antiquité, elle se manifeste par de la fièvre, des maux de tête et des douleurs musculaires, puis par des cycles de frissons, fièvre et sueurs. Au total, cinq espèces de parasites du genre Plasmodium, tous transmis par les piqûres de moustiques, sont responsables de cette maladie. Sur le continent africain, l'espèce prédominante est le P. falciparum, responsable de plus de 95% des décès.
Mis au point par le groupe pharmaceutique britannique GSK, le vaccin "RTS,S" cible justement le Plasmodium falciparum. Les résultats d'un vaste essai montrent qu'une seule dose du RTS,S permet de réduire de 39% le nombre de cas de paludisme chez les enfants âgés de 5 à 17 mois.
"C'est déjà énorme"
Comparée à celle des vaccins contre le Covid-19, l’efficacité de 39 % du RTS,S peut paraître dérisoire. Mais compte tenu de la charge de morbidité considérable de cette maladie, cela représente une réduction massive du nombre de cas. "On a tendance à penser que si l’on n’a pas une efficacité de 80 ou 90 %, on n’a pas de bon vaccin", explique Lode Schuerman, directeur des affaires médicales pour les vaccins au niveau mondial chez GSK. "Mais c’est le tout premier vaccin contre le paludisme, et il n’y en a pas d’autre pour le moment. Et il y a tellement de cas de paludisme ; si l’on peut en prévenir [près de] la moitié, c'est déjà énorme"
À titre d’exemple, une étude de modélisation a suggéré que la vaccination complète de la totalité des enfants vivant dans les pays africains à forte incidence pourrait prévenir chaque année 23.000 décès dans cette population. Rien que ça.
Ce vaccin gagne même en efficacité, quand il est associé à d'autres méthodes de prévention du paludisme : moustiquaires imprégnées d'insecticide, pulvérisation d'insecticide ou chimioprévention du paludisme saisonnier (SMC) par l’administration intermittente de médicaments antipaludiques pendant la saison du paludisme. Un essai mené récemment au Burkina Faso et au Mali a suggéré que la combinaison du vaccin RTS,S avec la SMC réduisait les cas de paludisme, les hospitalisations et les décès d'environ 70 %, par rapport à la SMC seule.