Cameroun : la campagne de vaccination PVH des filles inquiète... à tort
De vives protestations sur le vaccin anti Papillomavirus humain (HPV ou PVH) sèment confusion et méfiance dans l'esprit de parents camerounais déjà réticents. Le vaccin est pourtant utile.
Novembre, nous y sommes! La campagne de vaccination gratuite “contre le cancer du col de l’utérus et les autres infections génitales, chez les jeunes filles dès l’âge de 9 ans”, démarre le 27 du mois, et s'achève le 2 décembre prochain. Cette campagne s’étendra sur tout le Cameroun, dans les formations sanitaires, les écoles primaires, les chefferies et lieux communautaires. Mais la polémique a devancé cette campagne. Depuis l’annonce du Ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, le 2 septembre dernier, une vaste campagne de désinformation continue d’alimenter les forums et réseaux sociaux, parlant des supposés effets secondaires du vaccin anti-PVH à long terme, sur la santé et la fertilité.
Ces fausses informations ont renforcé l'inquiétude de parents déjà réticents. “L'enfant de 9 ans connaît quoi? Pourquoi je dois la faire vacciner contre le cancer du col de l'utérus?”, commente ainsi un des parents, visiblement confus. “Ce vaccin me fait peur parce que j'ai suivi que les vaccinations gratuites de masse sont en réalité des expériences que les chercheurs viennent faire ! Je ne pense pas que je vais laisser qu'on vaccine ma fille”, renchérit une autre maman, méfiante. A l'origine de cette désinformation, une vidéo d'un cancérologue français qui affirme que ces vaccins causent des “effets indésirables et graves” chez certaines, pouvant conduire à la mort. Il cite même des cas inventés de décès en Autriche et aux Etats-Unis.
Un vaccin polémique... alors qu'il sauve des vies
Cette campagne de prévention contre le cancer du col de l’utérus n’est pourtant pas une première. En 2010, le vaccin Gardasil, choisit par le Cameroun, avait été administré à environs 10.000 jeunes filles âgées de 9 à 13 ans, dans la région du Nord-Ouest du pays, à Bamenda. En 2014, se sont plus de 22.000 filles de la même tranche d’âge, qui ont aussi reçu ce vaccin, dans les districts de santé de Foumban et d’Edea.
Jusqu’ici, aucun signe de complications post-immunisation ne s'est manifesté, a contre-attaqué le Dr Adjidja Hamani, sous-directeur de la vaccination du ministère de la santé publique, dans une interview au quotidien national Cameroon Tribune. En clair, le vaccin contre le cancer du col de l'utérus n'est pas dangereux. Il sauve même des vies car il réduit les risques de cancer jusqu’à 80%.
Le dépistage pour réduire les risques de cancer
Le vaccin est d'ailleurs plus que nécessaire ici. L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a classé le Cameroun “parmi les pays ayant les prévalences les plus élevées de Papillome Virus Humain (PVH) dans le monde”. Sur un diagnostic de 2000 personnes en 2018, 40% de femmes adultes se sont révélées positives ! Des chiffres qui ont emmené l'OMS à plaider pour que le pays introduise ce vaccin préventif dans le programme élargie de vaccination (Pev).
Concrètement, le vaccin Gardasil, est administré en 2 doses en l'espace de 6 mois sur les jeunes filles n’ayant aucune activité sexuelle. Les femmes plus âgées peuvent en recevoir en 3 doses, seulement après un examen de vérifications des lésions précancéreuses, qui peuvent être soignées si dépistées à temps.
Le prix d'une dose est fixé à 35.000 Fr CFA ( au Centre international de vaccination de Yaoundé), et avoisine la somme de 90.000 Fr CFA (dans certaines pharmacies locales). Un coût qui n'est pas à la porté de toutes les bourses. Cette campagne gratuite de vaccination contre le cancer du col utérin est donc une aubaine pour les parents précaires. Avec un peu plus de sensibilisation et de pédagogie, ils répondront présents au jour dit !