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Comment l'Afrique tente de lever les obstacles aux soins de santé mentale

Alors qu'au moins 10% de la population africaine serait affectée par un trouble mental, l'accès aux soins est toujours compliqué. Pour changer la donne, les initiatives se multiplient.

Badr Kidiss
Rédigé le
La charge des maladies mentales ne cesse de s’accroître en Afrique  —  OMS

Les soins de santé mentale ne reçoivent pas l'attention requise ! De la Tunisie à Madagascar, en passant par le Mali, le Sénégal, le Cameroun et la RD Congo, des millions de personnes ayant besoin de soins n'ont pas accès aux services. Car l'Afrique ne compte qu'un seul psychiatre pour 500.000 habitants, ce qui est 100 fois inférieur à la recommandation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces professionnels de la santé mentale exercent généralement dans les grandes villes, alors que les centres de santé de proximité sont rarement couverts par ce personnel. 

Autre obstacle pour l'accès aux services de santé mentale, le sous-investissement des gouvernements africains. En moyenne, ces derniers allouent moins de 50 centimes de dollar par habitant à la santé mentale. Ce qui reste bien loin des 2 dollars par habitant recommandés pour les pays à faible revenu par l'agence onusienne. 

Pourtant, le fardeau des maladies mentales pèse de plus en plus sur le continent. Selon les chiffres de la branche africaine de l’agence sanitaire mondiale de l’ONU, les troubles mentaux affectaient avant la pandémie 116 millions de personnes en Afrique, contre 53 millions en 1990. Des chiffres qui pourraient être revus à la hausse puisqu’en à peine trois ans, l’isolement social, la peur de la maladie et de la mort, ainsi que les difficultés socioéconomiques associées à la pandémie de Covid-19 ont occasionné une hausse d’environ 25 % des troubles liés à la dépression et à l’anxiété à l’échelle mondiale. 

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Pour que la santé mentale ne soit plus un luxe

Pour changer radicalement la situation, les Ministres africains de la santé ont approuvé, en août dernier, une nouvelle stratégie visant à renforcer les soins de santé mentale et à fixer des cibles pour 2030. À cette échéance, tous les pays devront s’être dotés d’une politique ou d’une législation en matière de santé mentale. 60% des pays devront mettre en œuvre cette politique, tandis que 95% des pays devront suivre les indicateurs clés de santé mentale et établir des rapports sur le sujet. 

Une telle démarche passe notamment par le relèvement des dépenses publiques consacrées aux services concernés et par la mobilisation des ressources auprès de partenaires. Des pays comme le Burkina Faso, l’Éthiopie, le Ghana, le Mali, le Niger et le Nigéria bénéficient d'ailleurs déjà d'un appui de l'OMS pour intégrer la santé mentale dans des programmes multisectoriels. Maintenant, il ne reste plus qu'à espérer que cette réponse soit durable et efficace. Pour que l'on accorde (enfin) à la santé mentale toute l'attention qu'elle mérite. 

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