Coronavirus au Sénégal : l’immunité collective divise la communauté scientifique
Alors que le Sénégal fait face à une augmentation constante du nombre de contaminations au coronavirus, plusieurs scientifiques se disent contre la stratégie de l'immunité collective. Mais c'est quoi au juste ? AlloDocteurs.Africa fait le point avec vous.
Le sujet fait débat. Alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé qu'il était possible que les patients guéris du nouveau coronavirus (Covid-19) ne soient pas immunisés contre la maladie, la stratégie dite "d'immunité collective" semble divise au Sénégal.
Selon l'Institut Pasteur, l'immunité collective correspond au pourcentage d’une population donnée qui est immunisée/protégée contre une infection à partir duquel un sujet infecté introduit dans cette population ne va plus transmettre le pathogène car il rencontre trop de sujets protégés. Cette immunité de groupe, ou collective, peut être obtenue par l’infection naturelle ou par la vaccination (si un vaccin existe).
Face au Covid-19, le Dr Moussa Thior, ex-coordonnateur du Programme national de lutte contre le paludisme (PNDL) et expert à l’OMS, estime, dans les ondes de Iradio, qu'"il faut laisser le virus circuler et arrêter d'ameuter les populations". Avant d'ajouter que "dans le cadre d'une maladie comme le coronavirus, les cas communautaires, c'est une très bonne chose, je pèse mes mots. Il faut laisser le virus circuler, ça va contribuer à développer l'effet de protection de masse". Une prise de position que ne partage pas le professeur Moussa Seydi, coordonnateur de la prise en charge des malades du nouveau coronavirus (Covid-19) au Sénégal. Ce dernier rappelle, au micro de la chaîne publique RTS, que "si tous les Sénégalais sont infectés, même avec 1% de létalité, ça fait plus de 100.000 morts.
"Il n'y a pas d'immunité collective"
"On dit qu’il faut protéger les personnes âgées mais quelqu’un peut être infecté sans le savoir. De retour chez lui, il ne peut pas prendre de précautions. Nous avons ici un jeune qui était malade, qui a infecté son père qui est décédé (…) Il n’y a pas d’immunité collective. Je suis absolument opposé à cela. Il y a des pays qui l’ont fait et qui l’ont regretté", prévient le professeur Seydi.
Des propos qui font écho dans les dires de la directrice de la Santé publique, Marie Khémesse Ngom Ndiaye, qui estime que "certaines caractéristiques ne sont pas encore connues et il n'y a pas encore de vaccin" pour le Covid-19. Voilà pourquoi la stratégie préconisée par le Dr Moussa Thior ne fait pas partie de celles "développées par le ministère de la Santé", précise-t-elle.