Coronavirus en Afrique : attention à ne pas oublier les autres maladies
Depuis que la pandémie de coronavirus s'est répandue dans la quasi-totalité du continent africain, la majorité des Etats touchés multiplient leurs efforts pour s'en sortir. Mais le combat contre le Covid-19 ne doit pas éclipser les autres problèmes de santé publique en Afrique.
On prend la menace au sérieux. Depuis le début du mois de mars et l'identification des premiers cas de Covid-19 sur différents territoires africains, les autorités sanitaires des pays touchés se fixent le même objectif : ralentir la progression du SRAS-CoV-2, le virus responsable de la maladie à nouveau coronavirus (Covid-19).
Avec près de 33000 cas recensés et pas moins de 1500 décès à ce jour, l'Afrique est jusqu'à présent le continent le moins touché par l'épidémie. Mais mine de rien, la pandémie de coronavirus s'enracine dans le continent. De quoi mettre les systèmes de santé publique à rude épreuve. Alors que les pays s'efforcent de maîtriser l'épidémie, il leur faut également maintenir les efforts face à d'autres urgences sanitaires et préserver les progrès réalisés contre des maladies telles que le paludisme ou la polio.
Avant même l'arrivée du Covid-19 en Afrique, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) soulignait "la nécessité pour les pays d'assurer la continuité des services de santé essentiels de routine". L'agence rappelle qu'"un système de santé surchargé nuit non seulement à l'efficacité de la riposte contre le COVID-19, mais peut également compromettre la lutte contre toute une série de menaces évitables pour la santé humaine".
Un enfant africain sur quatre reste sous-vacciné
La réponse face au COVID-19 a déjà perturbé les efforts de vaccination sur le continent. Malgré des progrès considérables en matière de vaccination, un enfant africain sur quatre reste sous-vacciné. Selon l'OMS, les campagnes de vaccination contre la rougeole au Tchad, en Éthiopie, au Nigéria et au Sud-Soudan ont déjà été suspendues à cause du COVID-19, laissant sans protection environ 21 millions d'enfants qui auraient autrement été vaccinés.
L'autre maladie qui peut faire des dégâts en Afrique est le paludisme. Alors qu'on vient tout juste de célèbre la journée mondiale de lutte contre cette maladie infectieuse transmise par des moustiques du genre Anophèles, plusieurs experts du continent estiment que les conséquences de l'interruption des efforts de lutte contre le paludisme en Afrique pourraient être particulièrement désastreuses. Si le paludisme a tué près de 400.000 personnes en 2018 dans le continent africain, l'OMS estime que dans le pire des cas, si les services de prévention et de traitement du paludisme étaient gravement perturbés par COVID-19, le nombre de décès dus au paludisme en 2020 en Afrique subsaharienne pourrait doubler.
"Nous avons vu avec l'épidémie du virus Ebola en Afrique de l'Ouest que nous avons perdu plus de personnes à cause du paludisme par exemple, que nous n'en avons perdu à cause de l'épidémie d’Ebola. Ne répétons pas le même scénario avec le COVID-19", avertit la Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique.