Coronavirus : Kenya Airways veut transporter les vaccins anti-Covid aux différents pays africains
Alors que le coronavirus (Covid-19) est de plus en plus mortel sur le continent africain, la compagnie aérienne Kenya Airways veut s'imposer comme un transporteur incontournable des vaccins anti-Covid en Afrique.
Le défi logistique est immense. Aux prises avec un coronavirus (Covid-19) de plus en plus mortel, l'Afrique mise sur la vaccination pour immuniser ses 1,3 milliard d'habitants. Le transport de ces piqûres salvatrices sur le sol africain est difficile, mais pas impossible. La compagnie aérienne Kenya Airways l'a bien compris et espère s'imposer comme un transporteur incontournable pour l'Afrique. Pour cela, elle s'appuie sur les nouvelles transformations des appareils transportant des passagers en avions cargos et l'ouverture d'un entrepôt de stockage dédié aux vaccins. Tout en misant essentiellement sur un avantage de taille, un savoir-faire déterminant pour respecter la chaîne du froid: son expertise dans le transport de roses fraîches vers l'Europe.
Environ 3.000 tonnes de fleurs fraîchement coupées quittent chaque semaine l'aéroport international de Nairobi pour le Vieux continent, réfrigérées dans des conditions similaires à celles requises pour conserver les vaccins. Ceux commandés par l'Afrique doivent être maintenus à basse température depuis l'usine de production jusqu'à leur livraison finale, une exigence impossible à remplir pour de nombreux pays du continent en manque d'infrastructures.
"Ce sont les conditions dans lesquelles nous transportons nos fleurs fraîches, donc c'est très commun et habituel pour nos mécanismes de contrôle de la température", explique Peter Musola, directeur général du transport de marchandises chez Kenya Airways. "L'expertise que ce marché implique en termes de respect de la chaîne du froid est sans égale."
Pouvoir des fleurs
Kenya Airways - dont l'Etat kényan possède un peu moins de la moitié des parts (48,9%) - se dispute ce nouveau marché avec sa voisine d'Afrique de l'Est, la compagnie aérienne 100% publique Ethiopian Airlines. Plus gros transporteur aérien d'Afrique, le concurrent éthiopien a acheminé son premier chargement de vaccins anti-Covid début février. Venue de Chine et destinée au Tchad, la cargaison lui a permis d'afficher ses ambitions sur le continent et de démontrer sa fiabilité.
Kenya Airways espère de son côté acheminer vers le Kenya les premières doses de vaccins commandées par le gouvernement et promises pour février, mais pour lesquelles aucune date précise n'a encore été fixée. Mais la compagnie souhaite également convaincre à l'étranger et compte sur la réputation du Kenya, l'un des principaux producteurs mondiaux de fleurs coupées.
Chaque jour, ses roses et ses œillets embarquent à bord d'avions en partance pour les capitales européennes, notamment Amsterdam. Pour conserver l'éclat de leurs pétales, les fleurs doivent être réfrigérées à une température entre deux et huit degrés pendant tout le voyage.
Les vaccins ciblés
Si les gouvernements africains ont déjà fait une croix sur les vaccins anti-Covid de Pfizer et Moderna, qui doivent être transportés à des températures extrêmes et requièrent des super congélateurs difficiles à obtenir, ils se tournent en revanche vers ceux produits par Sinopharm, AstraZeneca ou Johnson&Johnson, qui doivent eux aussi être conservés entre deux et huit degrés.
Un "avantage décisif pour le Kenya", selon Musola. "L'expertise dans le transport de produits frais représente une vraie valeur ajoutée quand il s'agit de contrôler la température pour les vaccins." En difficulté financière, Kenya Airways mise sur le transport de vaccins pour se diversifier.
Des entrepôts dédiés au stockage à basse température
Pour assumer ses nouvelles ambitions, l'entreprise vient de convertir un Boeing 787, initialement affecté au transport de passagers, en avion cargo. Un deuxième appareil devrait suivre. Dans les prochains mois, rythmés par la Saint-Valentin et la fête des mères, elle espère que ses longs-courriers remplis de fleurs pour l'Europe pourront revenir chargés de vaccins, selon Musola.
Depuis septembre, elle dispose d'un entrepôt dédié au stockage à basse température, permettant d'accueillir 300 tonnes de vaccins toutes les six heures. Le bâtiment inclut un congélateur spécial capable de conserver le vaccin de Moderna, qui requiert des températures négatives. Au-delà de la pandémie, Kenya Airways espère rentabiliser ses investissements en continuant à transporter d'autres produits pharmaceutiques vers l'Afrique. "Nous sommes persuadés que même après le Covid, il y aura autre chose", conclut Musola.