Covid-19 au Cameroun : Hausse du chômage et annulation des fêtes de mai
Les fêtes du travail et de l'unité ont été suspendues cette année à cause du coronavirus. Une décision jugée asphyxiante par ceux qui espéraient en tirer profit en cette période sinistrée.
“On devait annuler le défilé et laisser les entreprises célébrer dans l’intimité la fête du travail le 1er Mai. Les pertes que cette annulation entraîne se chiffrent en millions pour mon entreprise”, se lamente, désespéré, un opérateur économique suite à l’annulation des festivités grand public des éditions 2020 au Cameroun.
Ce chef d’entreprise propriétaire d'une usine d'imprimerie explique, à la veille du 1er Mai, qu'il recrutait d'habitude des travailleurs partiels et gagnait plus d'une vingtaine de millions de francs CFA au regard du nombre explosif de commandes de cartes de visites, et autres gadgets (tee-shirt, casquette, parapluie, tract, banderole, etc.), qu'il confectionnait pour de nombreuses sociétés à cette occasions. Comme lui, beaucoup se plaignent du manque à gagner que cette annulation a impliqué dans le milieu des affaires.
Une annulation pour limiter la propagation
La cause est simple à résumer. En raison de la pandémie du coronavirus et de la nécessité du respect des règles de distanciation sociale prescrites par le gouvernement, la parade des travailleurs et celle des forces de défenses de la République Camerounaise ont été supprimées cette année.
Une décision jugée “excessive” par de nombreuses personnes à l’instar du député de la Nation, Cabral Libi, qui a estimé sur son compte Twitter que “la guerre sanitaire n'interdit pas l'urgence de survivance de symboles forts”; selon lui, il fallait malgré la pandémie, tenir une parade de l’armée camerounaise de façon restreinte. Un avis risqué, quant on voit les chiffres qui grimpent : encore 100 nouveaux cas enregistrés en 24h pour un bilan de plus de 1800 infectés, avec au compteur déjà 59 décès au total selon le décompte du 28 avril.
Le Covid-19, une paralysie pour les affaires
Bon nombre de commerçants sont abattus : beaucoup avaient misé sur l’affluence des deux fêtes. Les couturières, d'habitude très sollicitées, se rongent les pouces de n'avoir pas eu l’opportunité de confectionner comme souvent, en grande quantité, des modèles de vêtements pour messieurs et dames avec des tissu-pagnes de leurs entreprises. Les propriétaires des salles de fêtes qui comptabilisaient des centaines de milliers de francs pour quelques heures de location de leur espace festif, en sont pour leurs frais, vu l’interdiction des rassemblements de plus 50 personnes dans le pays. Un sentiment d'impuissance que ces derniers partagent avec les hôtels qui proposent des services traiteurs aux familles, lors des célébrations des remises de médailles et autres gratifications à cette période de l’année.
Les travailleurs regrettent eux aussi, de ne pas pouvoir bénéficier des avantages divers et des réjouissances traditionnelles. Eveline avait déjà tout planifié: “Le jour de la fête du travail, je ne fais jamais la cuisine ! Notre employeur nous offre toujours un grand festin : il distribue des tissu-pagnes de l’entreprise avec la somme de 20.000 francs pour la confection, et des enveloppes allant jusqu’à 100.000 francs CFA de primes pour les meilleurs employés. On n'a pas eu cette chance cette année.... C’est dommage”, conclut t'elle d'un sourire figé, non sans reconnaitre le bien fondé d'une telle annulation.
Dieu comme seul voie de recours face à la pandémie
Le Coronavirus a affaiblit l’économie déjà fébrile de plusieurs pays africains, notamment celui du président Paul Biya. Pour espérer une sortie moins calamiteuse de cette pandémie coûteuse, les évêques du Cameroun présentent Dieu comme seul voie de recours.
Ces personnalités religieuses ont initié une "neuvaine de prière" dans tous les diocèses du pays, pour implorer de mettre fin à cette menace que représente le Covid-19. La neuvaine démarre ce 1er Mai 2020, avec la célébration de la fête patronale de Saint Joseph, le saint que certains Catholiques prient lors d'une recherche d'emploi ou pour une amélioration de leur environnement professionnel.