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Face au Covid-19, la famine vaccinale angoisse l'Afrique

Alors que moins de 4% des Africains sont totalement vaccinés contre le Covid-19, le manque de piqûres salvatrices inquiète les gouvernements du continent.

Badr Kidiss
Rédigé le , mis à jour le
L'Afrique manque toujours cruellement de vaccins  —  OMS

La situation est inquiétante. A l'heure où ces lignes sont écrites, seulement 3,5% des Africains ont été complètement vaccinés contre le Covid-19 sur un total de 1,3 milliard d'habitants, d'après le Dr John Nkengasong, directeur des Centres africains de Contrôle et de Prévention des maladies (Africa CDC). Un faible taux qui s'expliquerait par la pénurie de doses disponibles, mais aussi par la défiance d'une partie des populations envers les vaccins.

"La famine vaccinale est le vrai problème de l’Afrique", déclarait le 8 août le Dr John Nkengasong, directeur de l’Africa Centres for Disease Control and Prevention (Africa CDC), dans un tweet. 

Le continent, qui a récemment franchi le triste cap des 200.000 morts des suites du Covid-19, ne pourra pas atteindre l'objectif mondial de vacciner les 10% les plus vulnérables de sa population d'ici fin septembre, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Pour l'heure, seuls 12 des 54 pays du continent, dont le Maroc, la Mauritanie, la Tunisie ou encore l'Afrique du Sud, ont pu vacciner 20% de leur population.

Plus de 8 millions de cas, et si peu de vaccins

Pour atteindre l'objectif de fin d'année fixé par l'OMS qui consiste à vacciner complètement 40% de sa population, l'Afrique a besoin d'au moins 500 millions de doses supplémentaires. Mais alors que le continent recense plus de 8 millions de cas confirmés de Covid-19, les retards d’approvisionnement et les pénuries de vaccins contraignent les pays à accuser davantage de retard par rapport au reste du monde en ce qui concerne la vaccination. Une mauvaise nouvelle, à l'heure où un nouveau variant menace déjà la majorité des pays africains. 

"Le partage des vaccins, c'est bien. Mais nous ne devrions pas avoir à compter sur le partage des vaccins", a déclaré Strive Masiyiwa, envoyé spécial de l'UA pour l'acquisition de vaccins, lors d'une conférence de presse au siège de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève.

Pourtant, les appels à l'équité vaccinale se multiplient. Ce mardi, le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus expliquait que cette situation "ne fait pas seulement du mal au peuple africain, cela nous fait tous mal. Plus l'iniquité vaccinale persiste, plus le virus continuera de circuler et de changer, plus les perturbations sociales et économiques se poursuivront, et plus il y aura de chances que d'autres variantes émergent qui rendent les vaccins moins efficaces". 

Alors que l'Union africaine a mis en place un Fonds africain pour l'acquisition des vaccins (Avat), les fabricants de vaccins ont, aux yeux de M. Masiyiwa, la "responsabilité morale" de vendre aussi des doses aux pays africains: "Ces fabricants savent très bien qu'ils ne nous ont jamais donné un accès approprié" aux doses. Jusqu'à quand ? 

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