Covid-19 : Les bons et les mauvais élèves de la vaccination en Afrique
Comme pressenti depuis plusieurs mois, les campagnes de vaccination contre le coronavirus peinent à avancer en Afrique. Beaucoup de pays ont du mal à écouler leurs doses de vaccins anti-Covid-19 alors que certains, comme le Maroc, le Togo et le Sénégal, s'en sortent assez bien.
Le scénario tant redouté se confirme : la vaccination contre le coronavirus (Covid-19) patine en Afrique. A l'heure où ces lignes sont écrites, les Africains représentent à peine 1% de la population vaccinée contre le Covid-19 dans le monde, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais en réalité, l'opération anti-Covid est surtout très hétérogène sur le continent : certains pays sont plus avancés que d'autres.
Différents vaccins sont autorisés au sein des pays membres de l'Union africaine (UA), ceux de Sinopharm, de Pfizer/BioNTech, d'AstraZeneca, de Moderna ou encore de Spoutnik. Si la majorité des pays sur le sol africain ont reçu des doses des piqûres salvatrices grâce au mécanisme COVAX de l'OMS, certains d'entre eux n'ont pas hésité à en acheter d'autres, quitte à les négocier au prix fort auprès des fabricants.
Des pays plus efficaces que d'autres
Selon les données compilées par le site Our World in Data, environ 1,5 doses pour 100 habitants ont été administrées en Afrique. Mais bien que les stratégies de vaccination ne soient pas vraiment différentes entre les pays membres de l'UA, les personnes âgées et le personnel soignant étant souvent prioritaires, certains pays avancent beaucoup plus vite que d'autres.
Leader depuis le tout début des vaccinations en Afrique, le Maroc est solidement en tête. Le Royaume est le seul pays du continent à avoir dépassé le cap des 10% de sa population ayant reçu ses deux doses, soit 4,41 millions de personnes vaccinées. Derrière, rares sont les pays africains qui ont vacciné plus de 3% de leur population.
Avec près de 430.000 personnes vaccinées pour une population d'environ 17 millions d'habitants, le Sénégal fait partie des meilleurs élèves. Mais malgré ces chiffres plutôt positifs, la campagne de vaccination anti-Covid-19 fait les choux gras de la presse locale et française, vu l'hésitation des Sénégalais à se faire vacciner.
Un peu plus loin, le Togo, le Ghana et le Rwanda sont les seuls pays du continent à avoir réussi à utiliser toutes les doses reçues via le dispositif COVAX. Ces pays reçoivent aujourd'hui les sérums qui ne pourront pas être utilisés par d'autres pays, comme la République démocratique du Congo (RDC) et le Nigéria, avant leur date de péremption.
Le bas du classement
Les critiques sont d'ailleurs nombreuses en RDC, où environ 2.300 doses ont été administrées. Si le pays n'a pas pu utilisé la majorité des 1,7 million de doses Oxford-AstraZeneca qu'elle a reçues dans le cadre du Covax, cela s'explique notamment par la fragilité des services de santé qui font face à d'autres épidémies sur le sol congolais, mais aussi à la faiblesse du réseau de transport qui complique l'acheminement des vaccins dans les zones reculées de la RD Congo.
Alors que le Niger et la Namibie affichent actuellement des scores très faibles, avec moins de 2.000 injections administrées, d'autres pays comme le Soudan du Sud et le Malawi ont aussi connu de jolis ratés, vu qu'ils ont dû détruire des dizaines de milliers de doses de vaccins.
Quant à la Côte d'Ivoire, elle multiplie pour l'heure ses efforts pour ne pas gaspiller les 500.000 doses de piqûres fournies par le Covax. Les autorités ont récemment ouvert la vaccination aux personnes âgées de plus de 18 ans, et tentent d'accélérer le rythme de l'opération contre le coronavirus.
Et alors que Madagascar vient tout juste de recevoir ses premiers vaccins, certains pays africains n'ont pas encore vu l'ombre d'un sérum anti-Covid. C'est notamment le cas du Tchad, du Burkina Faso, du Burundi, de la République centrafricaine, de l'Erythrée, de la Tanzanie. Pourtant, là où il n'y a pas de vaccins, il y a plus de chances que de nouveaux variants du coronavirus fassent leur apparition, selon certains spécialistes.