Deux hommes condamnés lourdement pour homosexualité
Deux jeunes hommes poursuivis pour homosexualité ont été condamnés en appel à un an de prison ferme par un tribunal tunisien qui a estimé que leur refus du test anal, un examen controversé, était un élément à charge.
Deux jeunes hommes poursuivis pour homosexualité ont été condamnés en appel à un an de prison ferme par un tribunal tunisien qui a estimé que leur refus du test anal, un examen controversé, était un élément à charge, ont indiqué des ONG mercredi. Les deux hommes, âgés de 26 ans, étaient soupçonnés d'avoir eu des rapports homosexuels, un acte passible de trois ans de prison selon le code pénal tunisien hérité de la colonisation.Homosexualité : pourquoi la tolérance est “bonne” pour la santé !
Ils avaient été arrêtés début juin au Kef, ville du nord-ouest rural tunisien, après que l'un d'eux a déposé plainte contre l'autre concernant des dettes, a indiqué l'association Damj qui défend notamment les minorités sexuelles. Condamnés en première instance à deux ans de prison, ils ont vu leur peine allégée en appel, a indiqué Damj, déplorant une condamnation "particulièrement lourde". Selon la même source, comme en première instance, le tribunal a retenu comme preuve leur refus de se soumettre à un test anal. Ce type d'examen est régulièrement utilisé en Tunisie pour tenter d'établir l'homosexualité bien qu'il soit considéré peu fiable et qualifié de "torture" par l'ONU quand il est imposé.
Des tests dénoncés par une partie de la jeunesse
En 2017, la Tunisie s'était pourtant engagée devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU à Genève à ne plus imposer ces tests anaux. La jeunesse du pays n'hésite pas à s'emparer de ces sujets de société. En septembre 2019, une bande d'une dizaine d'amis avait créé pendant la campagne présidentielle la plateforme en ligne: "Chnowa barnemjek?", "Quel est ton programme?" en français. Le site, en français et en arabe tunisien, présentait les 26 postulants et proposait de comparer leurs programmes avec 45 questions regroupées par thèmes (société, environnement, affaires étrangères...) auxquelles les candidats - 16 ont joué le jeu - n'ont pu répondre que par "oui", "non" ou "ne se prononce pas".
Certaines questions étaient volontairement "choquantes" ou épineuses: "faut-il abolir le test anal?" pratiqué sur des personnes soupçonnées d'avoir eu des relations homosexuelles, "faut-il permettre l'ouverture des cafés pendant le ramadan?" ou supprimer l'inégalité hommes/femmes dans l'héritage... Des questions que la justice remet sur le devant de la scène quelques mois plus tard.