En Afrique de l'Ouest, le changement climatique menace toujours plus la santé
Dans de nombreux pays ouest-africains, la crise climatique accélère la propagation de certaines maladies.
C'est un gigantesque défi sanitaire pour l'Afrique. A l'ombre du Covid, les effets du changement climatique sur la santé humaine se diversifient et s'intensifient. Selon le professeur Ibrahima Sy, enseignant-chercheur en géographie de la santé à l’Université de Dakar, plusieurs maladies enregistrées en Afrique de l'Ouest sont liées au dérèglement du climat.
"Sur les 10 principales causes de consultations dans nos pays, jusqu'à 80% d'entre elles sont liées à des maladies dont le facteur d’émergence est relatif aux conditions environnementales. Et on peut citer le changement climatique comme variable importante", a annoncé le professeur lors d’un webinaire sur le changement climatique et la santé des femmes en Afrique de l’Ouest.
Paludisme et pollution de l'air
Pour le Pr Sy, et tant d'autres, l'impact de la crise climatique sur l’émergence ou la réémergence de certaines maladies ne fait aucun doute. Parmi celles-ci, on peut notamment citer le chikungunya et le paludisme. Ce mal, qui est aussi connu sous le nom de malaria, devrait faire encore plus de dégâts sur le continent, selon les spécialistes.
Le rapport 1.5 sur le climat et la santé, publié en 2018 par l'Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) l’annonce clairement : "les preuves sont de plus en plus irréfutables que les variations météorologiques associées au changement climatique modifient l'étendue géographique, les saisonnalités ainsi que l'intensité de la transmission des maladies infectieuses". Autrement dit, les moustiques Aedes (qui peuvent véhiculer des virus comme ceux du chikungunya, de la dengue et du zika) pourraient se répandre bien au-delà de leur zone actuelle d'ici à 2030. Même son de cloche pour les moustique Anophèle, vecteurs du paludisme qui pourraient changer de zone géographique en fonction du réchauffement climatique. Une poussé de cette maladie, à l'heure où le services de santé du continent sont vampirisées par le Covid, a même été constatée dans beaucoup de pays africains.
Pollution de l'air et canicule
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que plus de 8% des décès des suites d'une maladie transmissible dans le monde sont attribuables à la pollution de l'air (qui comprend l'exposition au tabagisme passif). D'ici 2050, les décès qui lui sont attribués devraient même augmenter avec la hausse des températures. Car les concentrations d’allergènes et de polluants dans l’air – pollen, ozone… – ont également tendance à augmenter avec le dérèglement climatique, causant des crises d’asthme et aggravant les maladies cardiovasculaires et respiratoires.
Les vagues de chaleur devraient aussi être plus fréquentes et plus intenses. Couplées à une forte humidité, comme dans les régions tropicales, elles pourraient même devenir mortelles d’ici la fin du siècle. Les températures affectent aussi la production agricole. Ce qui menace les moyens de subsistance des populations paysannes dans le monde entier, alors que la malnutrition chronique affecte déjà plus de 800 millions d'humains. Certains pays du continent, notamment ceux du Nord comme le Maroc, sont en train de lutter pour que leur agriculture ne meurt pas de soif.