En Afrique, les cancers de l'enfant tuent encore beaucoup trop
Les cas de cancer de l'enfant explosent sur le continent africain et les moyens manquent. Les diagnostics tardifs ou parfois erronés n'arrangent pas la situation.
28.000. C'est le nombre d'enfants africains qui ont perdu la vie en 2020 des suites d'un cancer. La même année, 52.000 nouveaux cas ont été recensés sur le continent. Des chiffres qui pourraient même être revus à la hausse, vu que les données portant sur l'incidence du cancer sont rares : elles ne sont disponibles que pour 5% de la population infantile totale en Afrique. Mais le plus inquiétant, aux yeux de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), c'est que moins de 20% des enfants atteints d'un cancer en Afrique survivent 5 ans après le dépistage, contre 80% dans les pays à revenu élevé.
Cette situation s'explique notamment par le diagnostic tardif, l’impossibilité d’obtenir un diagnostic précis, les thérapies inaccessibles, l’abandon des traitements, les décès dus à la toxicité (effets secondaires) et les rechutes qui pourraient être évitées. Ce qui a poussé l'OMS à lancer l’Initiative mondiale de lutte contre le cancer de l’enfant dont l'objectif est d'atteindre un taux de survie de 60% pour les enfants atteints de cancer en Afrique subsaharienne à l’horizon 2030.
Pourquoi mon enfant a un cancer ?
A la différence des cancers de l’adulte, la grande majorité des cancers de l’enfant n’ont pas de cause connue. Si de nombreuses études ont été menées en vue de déterminer les causes de cette maladie chez l’enfant, il est très rare qu'elle s’explique par des facteurs liés à l’environnement ou au mode de vie. Les données actuelles semblent toutefois indiquer qu’environ 10 % des enfants atteints de cancer ont une prédisposition en raison de facteurs génétiques, comme le souligne l'OMS.
On sait que le cancer peut survenir à tout âge et toucher n’importe quelle partie de l’organisme. Généralement, la maladie débute par des modifications génétiques de quelques cellules qui se multiplient pour former une masse (ou tumeur). Cette tumeur peut se métastaser, c’est-à-dire provoquer l’apparition d’autres tumeurs ailleurs dans l’organisme, ce qui entraîne des lésions et le décès en l’absence de traitement.
Certaines infections chroniques, comme l’infection à VIH et le paludisme, sont des facteurs de risque de cancer chez l’enfant, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. D’autres infections peuvent augmenter le risque pour un enfant d’être atteint d’un cancer à l’âge adulte. Il est donc important de vacciner les enfants (contre l’hépatite B pour prévenir le cancer du foie et contre le papillomavirus humain pour prévenir le cancer du col de l’utérus) et de traiter les infections chroniques susceptibles de provoquer un cancer.
L'espoir existe
Si les cancers pédiatriques gagnent du terrain, un centre de Référence pour le Diagnostic des Cancers de l’Enfant (CRDCE) a été récemment créé à Dakar. Cette structure hospitalo-universitaire, la première du genre en Afrique subsaharienne francophone, veut faciliter le diagnostic des différents cancers chez l'enfant et accélérer la formation des spécialistes.
Comme il n'est pas possible en général de prévenir les cancers de l'enfant ou l'adolescent, l'OMS encourage les pays du continent à investir pour un dépistage précoce, des traitements efficaces et des soins de support adaptés. Car tous les enfants méritent des soins de qualité contre cette terrible maladie. Plus que jamais.