En Guinée, les victimes de viol mal prises en charge
Alors que le procès du massacre du stade de Conakry vient de s'ouvrir, Amnesty International déplore la situation très difficile des femmes victimes de viol.
En Guinée, l’histoire de M’mah Sylla, une femme de 25 ans, fait encore frémir. En novembre 2021, victimes de plusieurs viols, elle a trouvé la mort dans une clinique non agrée de Conakry alors qu'elle y cherchait des soins. Les condoléances des autorités, à l'époque, n’ont pas calmé la colère de la rue menée par des organisations féministes. Ces dernières ont contribué à briser l’omerta en dénonçant publiquement les cas de viols.
Les violences sexuelles touchent en Guinée "dans 75 % des cas des mineures, dont une large majorité a moins de 13 ans", révèle Amnesty International dans un rapport publié à la veille du procès historique du massacre du 28 septembre 2009. Soldats, policiers et miliciens avaient tué plus de 150 manifestants et violé 109 femmes lors d’un rassemblement de l’opposition dans un stade de Conakry.
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Adopter "en urgence une loi"
En Guinée, l’ONG des droits humains estime que les dossiers de viols impliquent souvent des figures d’autorité telles des imams, des prêtres, des médecins, des policiers ou des enseignants. L’ampleur des abus et crimes est telle qu’Amnesty appelle les autorités à "adopter en urgence une loi générale sur les violences basées sur le genre".
La Guinée a néanmoins récemment renforcé son arsenal juridique. Depuis 2016, le code pénal punit le viol de 5 à 10 ans d’emprisonnement et jusqu’à la perpétuité lorsqu’il a entraîné la mort de la victime. Mais "il n’est pas rare de voir des violeurs présumés continuer de se balader librement dans le même quartier qu’une plaignante. Elles ont peur pour leur sécurité", déplore la militante Kadiatou Konaté.
Un accès difficile aux soins médicaux
En outre, l’accès
aux soins médicaux est l’autre problème majeur pour les victimes de viols.
Faute de moyens, elles ne peuvent pas se payer une contraception d’urgence et
ainsi éviter un avortement non sécurisé – mais aussi se protéger contre les infections sexuellement transmissibles.
Sans oublier le certificat médico-légal, lui aussi
payant. Bien qu’il ne soit pas exigé par la loi, son absence "devient un
obstacle majeur à une possible condamnation au tribunal", constate Amnesty International.