En manque de vaccins, l'Afrique pourrait devenir l'incubateur de nouveaux variants du Covid-19
Alors que le variant Omicron gagne du terrain en Afrique, la vaccination anti-Covid piétine dans différents pays du continent. A tel point que de nouvelles versions mutantes du coronavirus pourraient bientôt voir le jour.
La sortie de crise n'est pas pour demain. Alors que le variant Omicron se propage à la vitesse d'Al Boraq (nom du TGV marocain) en Afrique, la vaccination piétine dans de nombreux pays. A ce stade, seulement 7,5% de la population du continent est totalement vaccinée, alors qu'on estime à 60 % le seuil nécessaire pour atteindre l’immunité collective.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), seuls cinq pays (le Maroc, la Tunisie, les Seychelles, Maurice et le Cap-Vert) ont atteint l'objectif consistant à vacciner entièrement 40% de la population contre le Covid-19 d'ici la fin d'année. Le Botswana pourrait devenir le sixième pays à y parvenir si son rythme de vaccination actuel est maintenu. En parallèle, seuls trois autres pays africains disposent d’un approvisionnement en vaccins suffisant pour atteindre l’objectif, mais ces pays ne pourront pas le faire au rythme actuel de la vaccination.
Si la Dre Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, a rappelé que la "combinaison des faibles taux de vaccination, de la poursuite de la propagation du virus et des mutations de ce virus est un mélange toxique", l'hésitation vaccinale gagne l'Afrique. Une triste nouvelle, alors que le continent pourrait rapidement devenir un incubateur à variants, à l'image d'Omicron, comme le souligne le dernier rapport de la fondation Mo Ibrahim.
Acquérir une "souveraineté sanitaire"
Selon le rapport de la fondation, les pays africains doivent vacciner 70% de leur population d'ici à la fin de 2022, s'ils veulent contrôler l'épidémie. Mais voilà, les difficultés liées à la planification et au financement opérationnels, à la livraison des vaccins, ainsi qu’à la communication et à la participation communautaire, ont entravé les efforts d’élargissement de la vaccination en Afrique. A tel point que certains pays du continent, comme le Sénégal ou la Namibie, ont dû jeter des centaines de milliers de doses de vaccins anti-Covid.
Pour éviter que de nouveaux variants made in Africa voient le jour, le plus important est, selon la fondation Mo Ibrahim, d'obtenir plus de vaccins anti-Covid et à terme d'augmenter la capacité de production locale. Un défi majeur pour un continent qui importe plus de 90% des vaccins dont il a besoin.