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Face à la deuxième vague du Covid-19, l'Afrique s'inquiète

Relativement épargnée jusqu'ici par la pandémie de coronavirus (Covid-19), l'Afrique s'arme contre une seconde vague de Covid-19, qui force les pays les plus touchés du continent à revenir vers des mesures sanitaires strictes.

Badr Kidiss avec AFP
Rédigé le , mis à jour le
L'Afrique s'arme face à la seconde vague du Covid-19

La situation est paradoxale. Apparue sur le continent africain il y a dix mois, l'épidémie de coronavirus (Covid-19) n'a pas été aussi dévastatrice que redouté. A l'heure où ces lignes sont écrites, l'Afrique enregistre 2,4 millions de cas, soit seulement 3,6% du total mondial. Et plus de 57.000 morts, soit moins que la France seule (59.072).

Si le faible niveau de dépistage dans certains pays du continent peut remettre en cause la fiabilité des statistiques, aucun pays n'a observé de pic de surmortalité qui serait le signe d'une propagation du virus passée sous les radars. A ce jour, le tableau de l'épidémie de Covid-19 sur le continent reste contrasté. Les nouveaux cas augmentent en Afrique de l'Est, du Nord et en Afrique australe mais ils ont plutôt tendance à baisser en Afrique de l'Ouest et du centre, selon le Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC) de l'Union africaine.

"Troisième vague"

En Tunisie, vingt personnes meurent du virus chaque jour actuellement, alors que la première vague n'avait fait que 50 morts. Dans la médina de Tunis, désertée par les touristes, des commerçants tentent de se reconvertir en sandwicheries pour la clientèle locale. En Ouganda, toutes les régions sont touchées. Le Rwanda voisin a enregistré presque autant de nouveaux cas en décembre (722), que depuis le début de la pandémie (797). 

Au Kenya, où une seconde vague dès septembre a conduit à maintenir un couvre-feu et les écoles fermées, certains professionnels de santé attendent déjà "la troisième vague". Depuis plusieurs semaines, le CDC et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) appellent à se préparer à une deuxième vague "inéluctable" en Afrique, dans le sillon de l'Europe.

"Revers de la médaille" 

Les mesures draconiennes et précoces prises par les autorités y sont aussi sans doute pour quelque chose. Avec un revers de la médaille, car les conséquences sociales et économiques du confinement ont été désastreuses pour les économies les plus fragiles. C'est aussi pour ces raisons que dans les pays africains où les stigmates du Covid sont devenus moins visibles, la vie s'est empressée de reprendre son cours, ignorant largement tout geste barrière. 

Au Cameroun, où le Championnat d'Afrique des nations (CHAN) se tiendra en janvier, le gouvernement envisage une ouverture partielle des stades. En Guinée équatoriale, seules les discothèques sont encore fermées. Et les autorités sénégalaises font face à des appels à protester contre les restrictions. "D'une manière générale, le virus continue de progresser en Afrique", avertit Isabelle Defourny, directrice des opérations chez Médecins sans frontières (MSF). 

L'ONG a observé une recrudescence dans les capitales, mais aussi des cas dans des zones rurales jusqu'ici épargnées, notamment au Tchad. "On voit aussi une augmentation des cas sévères qui nécessitent de l'oxygène, notamment à Bamako, ce n'était pas le cas lors de la première vague", souligne Mme Defourny. Et la bataille des pays africains pour l'accès aux vaccins est loin d'être gagnée. Seul un quart de ces pays ont les ressources pour payer la facture globale estimée à 4,7 milliards, selon l'OMS. Mais "si tout le monde n'est pas protégé, alors personne n'est protégé", a martelé jeudi le directeur de l'Alliance pour les vaccins (Gavi), Thabani Maphosa, appelant à leur accès équitable.

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