Grossesse, accouchement : 70 % des décès maternels ont lieu en Afrique
Dans le monde, une femme meurt toutes les deux minutes de complications liées à sa grossesse ou à son accouchement, malgré le fait que la mortalité maternelle ait été réduite d'un tiers en 20 ans, alerte l'ONU.
Les chiffres sont alarmants. Au total, 287.000 femmes sont décédées pendant la grossesse ou l'accouchement en 2020 dans le monde, soit un décès toutes les deux minutes. Ce nombre est en baisse si l'on regarde sur ces 20 dernières années, mais stagne depuis peu.
Un rapport des Nations unies rédigé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) affirme que le taux mondial de mortalité maternelle a reculé de 34,3 % entre 2000 et 2020. Le Bélarus a enregistré le recul le plus élevé, tandis que le Venezuela a enregistré la plus forte augmentation, suivi de Chypre, de la Grèce et des États-Unis.
L'Afrique de loin la plus touchée
Dans deux des huit régions des Nations unies (Europe/Amérique du Nord et Amérique latine/Caraïbes), le taux de mortalité maternelle a même augmenté entre 2016 et 2020, respectivement de 17 % et de 15 %. De manière générale, ces morts sont largement concentrées dans les régions les plus pauvres du monde et dans les pays touchés par des conflits. Ainsi, on compte 70 % des décès enregistrés en Afrique rien qu’en 2020.
La Dre Jenny Cresswell déclare qu’ils sont "136 fois plus élevé qu'en Australie et en Nouvelle-Zélande" qui enregistrent les chiffres les plus faibles. Dans les pays confrontés à de graves crises humanitaires tels que le Yémen, la Somalie, le Soudan du Sud, la Syrie, la République démocratique du Congo, la Centrafrique, le Tchad, le Soudan et l’Afghanistan, le taux de mortalité maternelle a atteint plus du double de la moyenne mondiale.
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Quelles sont les causes ?
Parmi les principales causes de ces décès, figurent en tête de liste :
- les hémorragies graves ;
- l'hypertension artérielle ;
- les infections liées à la grossesse ;
- les complications aux avortements clandestins et barbares ainsi que les affections sous-jacentes susceptibles d'être aggravées par la grossesse comme le VIH/sida ou encore le paludisme, autant de complications évitables et pouvant être traitées, selon l'OMS.
L'organisation souligne l'importance des contrôles prénatals et des soins postnatals et juge "essentiel" que les femmes contrôlent leur santé reproductive, en particulier concernant les décisions d'avoir des enfants et à quel moment, pour qu'elles puissent planifier et espacer les grossesses.
La grossesse, une "expérience dangereuse"
Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS, déplore dans un communiqué que "pour des millions de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à une grande qualité de vie et à des soins de santé dignes de ce nom, la grossesse demeure en effet une expérience extrêmement dangereuse". Il ajoute : "ces nouvelles statistiques montrent la nécessité urgente de garantir à chaque femme et à chaque fille un accès à des services de santé essentiels avant, pendant et après l'accouchement ainsi que la possibilité d'exercer pleinement leurs droits en matière de procréation".
Pour remédier à cette situation, "nous pouvons et devons faire mieux en investissant de toute urgence dans la planification familiale et en comblant la pénurie mondiale de 900.000 sages-femmes", a déclaré la directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), la Dre Natalia Kanem. Selon le Dr Anshu Banerjee de l'OMS, les statistiques depuis 2020 - qui ne sont pas encore connues - s'annoncent d’ores et déjà sombres en raison du Covid-19 et de la crise économique.