La difficile prise en charge des Sénégalais atteints de drépanocytose
Au Sénégal, beaucoup de personnes atteintes de la drépanocytose peinent à avoir accès aux traitements.
1.750. C'est le nombre de nouveaux-nés qui seraient, chaque année, atteints de drépanocytose au Sénégal. Maladie génétique la plus répandue au monde – en particulier sur le continent africain –, la drépanocytose, maladie de l’hémoglobine, se traduit par des crises aiguës très douloureuses et des complications pouvant être fatales, en particulier chez les enfants.
‘’A l’âge adulte, les complications deviennent plus délicates. La prise en charge est très coûteuse avec des consultations tous les mois. La morphine n’est pas gratuite chez les drépanocytaires, alors qu'elle l'est pour les personnes atteintes d'un cancer. Il y a beaucoup de spécialistes qui interviennent sur la prise en charge’’, explique le Pr Moussa Seck, hématologue au Centre national de transfusion sanguine (CNTS), à nos confrères du quotidien EnQuête.
Une maladie douloureuse
Les personnes drépanocytaires sont particulièrement exposées à une anémie chronique, qui résulte d’une diminution de l’hémoglobine dans le sang, se traduisant par de nombreux symptômes : pâleur, fatigue anormale, essoufflement, augmentation du rythme cardiaque…
Et dans certains cas plus graves, les globules rouges des drépanocytaires prennent la forme d’une faucille, à contrario des globules rouges normaux qui ont une forme circulaire. Ce dysfonctionnement empêche les globules rouges de circuler normalement : ils bouchent les vaisseaux sanguins, provoquant ainsi un manque d’oxygène dans le sang, pouvant engendrer chez les patients, des crises vaso-occlusives très douloureuses, entraînant une hospitalisation en urgence afin de fluidifier le sang.
Un traitement compliqué
La drépanocytose est une maladie qui, à l’heure actuelle, ne se guérit pas. L’essentiel du traitement consiste à la prise en charge des symptômes :
- Soit en transfusant des globules rouges au patient pour traiter une anémie
- Soit en procédant à un échange transfusionnel en cas de crise vaso-occlusive, ce qui consiste à remplacer une partie des globules rouges anormaux du patient, et lui transfuser des globules rouges sains, issus de donneurs de sang.
Mais au Sénégal, l'accès à cette transfusion n'est pas toujours garanti. "Nous sommes dans un pays où nous n’avons pas assez de stock de sang", regrette le Dr Dème Ly qui précise que les drépanocytaires "doivent être transfusés chaque mois". En 2020, le Centre national de transfusion sanguine (Cnts) manquait de 65.000 poches de sang pour répondre aux besoins nationaux. Et depuis l'apparition du Covid la même année sur le sol sénégalais, la situation ne fait que s'aggraver. Les réserves de sang sont aujourd'hui à un niveau critique. Au grand dam de dizaines de milliers de drépanocytaires. Jusqu'à quand ?