La santé mentale de la jeunesse tunisienne continue de se dégrader
Selon une étude menée dans les quartiers populaires de plusieurs villes tunisiennes, les 18-29 ans crient leur mal-être, plombés par une crise sanitaire et économique sans fin.
Encore un sondage qui inquiète. 27% des Tunisiens, âgés de 18 à 29 ans estiment que leur santé mentale est mauvaise, voire très mauvaise. C'est ce qui ressort d'une étude de l'ONG International Alert, qui a ciblé 1.250 jeunes, hommes et femmes, dans les quartiers populaires de Kabarria, Kasserine Nord et Tataouine Nord.
Si la pandémie de Covid semble reprendre de plus belle en Tunisie et en Afrique du Nord, il est difficile de mesurer l’ampleur de ses conséquences sur la santé mentale, y compris chez les plus jeunes. Mais selon ce sondage, on apprend que plus d’un quart des hommes sondés estiment avoir besoin de consulter un spécialiste. 8% des personnes qui se sont exprimées souffrent de maladies chroniques, alors que la majorité d'entre eux ne dispose toujours pas d'une protection sociale.
La santé mentale, parent pauvre du système de soins tunisien
Bien avant le Covid-19, près d’un milliard de personnes vivaient avec un trouble mental, a récemment souligné l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans sa plus large étude sur la santé mentale mondiale réalisée en deux décennies. Pendant la première année de pandémie, les taux de dépression et d’anxiété ont même augmenté d’un quart.
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Des recherches approfondies ont aussi révélé que les personnes, en particulier les hommes, connaissant chômage, paupérisation et difficultés familiales courent un risque significativement plus élevé de subir des troubles mentaux, comme la dépression, l'alcoolisme et le suicide, que les personnes à l'abri de ces problèmes. Et en Tunisie, le taux de chômage des jeunes dépasse facilement les 40%.
En même temps, l’investissement n’a pas augmenté. Seulement 2% des budgets nationaux de la santé et moins de 1% de toute l’aide internationale à la santé sont consacrés à la santé mentale, selon le rapport de l’OMS. En Tunisie, les chiffres sont encore plus bas : le pays investit à peine 1% de son budget santé dans la prise en charge des maladies mentales. Jusqu'à quand ?