La viande contient trop d'antibiotiques en Algérie, et c'est un problème
Des résidus d'antibiotiques ont été trouvés, en Algérie, dans des aliments d’origine animale tels que le lait, les œufs ou la viande. Est-ce grave pour la santé ?
Les antibiotiques sont utilisés comme médicaments pour traiter les animaux malades. Leur utilisation est souvent inévitable pour redonner la santé aux animaux. Des résidus d’antibiotiques peuvent se retrouver dans les aliments d’origine animale tels que la viande, le lait ou les œufs suite à des pratiques défaillantes telles que le non-respect de la période d’attente légale ou l’abus de promoteurs de croissance.
En raison des propriétés potentiellement cancérigènes et toxiques des résidus d’antibiotiques et de leur potentiel allergique, la consommation d’aliments contaminés présente un risque direct pour la santé publique. Ces aliments peuvent notamment favoriser la résistance aux antibiotiques. Une mauvaise nouvelle quand on sait que, chaque année, des milliers de personnes meurent sur le sol algérien d'une infection causée par des bactéries devenues multi-résistantes aux antibiotiques. À l’échelle de la planète, ce nombre pourrait atteindre les 10 millions d’ici 2050, si rien n'est fait.
De multiples risques pour la santé
Outre la résistance aux antibiotiques, les experts ont
relevé d’autres problèmes auxquels pourraient faire face les consommateurs de
viandes. Il y a tout d’abord l’allergie pure et simple à l’antibiotique, "qui
pourrait engendrer un choc anaphylactique et conduire à la mort !",
explique le Dr Mohamed Ayat, expert au niveau des tribunaux en Algérie. Il y a aussi le risque d’intoxication ou une atteinte à la flore intestinale, qui peut provoquer au passage de nombreuses maladies.
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Des solutions, peu d’actions
Des vétérinaires ont condamné l’utilisation abusive des
antibiotiques, réclamant "une réforme de la réglementation pour obliger
les éleveurs à obtenir une ordonnance vétérinaire pour tous les antibiotiques
qui sont disponibles en vente libre", relatent nos confrères de TSA. Les éleveurs devraient aussi se soumettre à des règles sanitaires strictes, et cesser toute prise d’antibiotiques quelques jours avant d’envoyer les animaux à l’abattoir. De cette façon, il n’y aurait plus d’antimicrobiens dans la viande au moment de la consommation. La loi précise d’ailleurs le nombre de jours à respecter et les limites à ne pas dépasser, selon le type d’animal.
Le Dr Ayat préconise aussi le recours à l'antibiogramme, qui permet d'identifier les et détecter la présence d'antibiotiques avant l'abattage. Mais dans une Algérie où les éleveurs ont l'habitude de travailler dans l'informel, il semble encore difficile d'améliorer leur contrôle. Jusqu'à quand ?