Le Cameroun veut en finir avec la lèpre
Si la lèpre fait toujours peur, elle se soigne très bien, à condition de se faire dépister. Au Cameroun, les autorités veulent en finir avec ce mal.
Au Cameroun, la lèpre est devenue une maladie sans danger. Si en 1985, le Cameroun recensait plus de 25.000 lépreux (nom des malades atteints de la lèpre), le pays a franchi en 2000 le seuil d'élimination de cette maladie en, fixé par l'OMS à un cas pour moins de 10.000 habitants. Vingt ans plus tard, certaines régions du pays continuent de compter les malades.
Certes grâce la polychimiothérapie, un traitement qui combine trois antibiotiques, cette maladie tropicale négligée est guérissable. Mais encore faut-il se faire dépister. Maladie méconnue des populations, la lèpre se présente sous forme de lésions cutanées et nerveuses et touche principalement le visage, les yeux, les mains et les pieds. Elle entraîne des paralysies sensitives et motrices, le plus souvent irréversibles. Mais un dépistage précoce permet d’éviter la propagation de la maladie, de traiter le malade et de le guérir définitivement sans séquelle. Sauf qu'aujourd'hui encore, les rares cas de lèpre ne sont pas détectés à temps et évoluent vers un handicap irréversible : perte des deux mains, des pieds ou encore, cécité.
Une maladie toujours taboue
Que ce soit à Douala ou à Yaoundé, la lèpre est une maladie toujours taboue dont on parle peu. La honte associée à ce mal reste, à ce jour, un obstacle à la consultation spontanée et au traitement précoce. Pourtant, des foyers à risque existeraient dans certains villages situés dans les régions de l’Adamaoua, du Centre, de l’Est, du Nord et du Sud-ouest.
“Nous continuons à enregistrer de nouveaux cas. Ce sont des personnes qui ont souffert plusieurs années de la lèpre sans toutefois savoir qu’il s’agissait de cela. Elles ont fait le tour des hôpitaux mais aucun médecin n’a diagnostiqué la maladie“, prévenaient dès 2017 des médecins de la léproserie de la Dibamba, près de la grande ville de Douala. Des lacunes dans le dépistage qui peuvent s'expliquer par la rareté de cette maladie sur le sol camerounais. Depuis que les médecins et infirmières sont de moins en moins confrontés à cette pathologie, ils ont de plus en plus de difficultés à la diagnostiquer.