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Les communautés, maillon fort de la lutte contre le choléra

En Afrique, 14 pays ont signalé des cas de choléra en 2022. Pour lutter contre cette maladie, les ripostes communautaires se multiplient.

La rédaction d'Allo Docteurs Africa
Rédigé le
Face au choléra, la RD Congo a recours à la vaccination depuis au moins dix ans  —  OMS

Plus de 14 pays africains ont signalé des cas de choléra depuis janvier 2022. En République démocratique du Congo, cette maladie diarrhéique aiguë est endémique dans plusieurs Provinces. Depuis le début de l’année, plus de 12.300 cas suspects de choléra ont ainsi été signalés, dont 222 décès, dans 17 des 26 provinces du pays. 

Le Dr Aaron Aruna, Directeur de la surveillance épidémiologique au Ministère de la santé publique, de l’hygiène et de la prévention de la République démocratique du Congo, explique comment le pays lutte contre le choléra. Entretien. 

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Allo Docteurs Africa : Pourquoi est-il si difficile de contrôler une épidémie de choléra ?

Dr Aaron Aruna : La maîtrise d’une épidémie de choléra est difficile parce qu’il faut énormément de moyens pour déployer une riposte multisectorielle et mener d’importantes recherches épidémiologiques. Les épidémies n’ont pas toutes la même dynamique, ni le même profil. À chaque épidémie, il faut adapter les interventions. Prenons l’exemple de l’épidémie à Kalemie, dans la Province du Tanganyika : la plupart des cas sont des cas suspects. Nous avons besoin de laboratoires capables de confirmer les cas, surtout quand une épidémie survient. Les résultats des analyses peuvent renseigner sur une flambée de cas et permettre de savoir quand nous devons déclencher une riposte adaptée de façon à minimiser ou à éliminer les cas au début de la saison des pluies, avant que l’épidémie ne s’étende. Malheureusement, nous ne déclenchons une riposte que lorsque nous enregistrons des décès, faute de voir venir l’épidémie. En réagissant tardivement, on laisse l’épidémie s’installer. Il est mieux d’agir quand il y a encore peu de cas pour avoir toutes les chances de mettre fin à l’épidémie.

A.D.A : Quel rôle la vaccination joue-t-elle dans la riposte ?

Dr A.A : La République démocratique du Congo a recours à la vaccination depuis au moins dix ans. Mais nous ne déployons le vaccin qu’à certaines conditions. D’abord, la vaccination est requise lorsqu’il y a des déplacements massifs de populations d’une zone à haut risque vers une zone sans choléra. Deuxièmement, lorsque l’épidémie est en train de se propager, il est possible d’organiser une vaccination préventive dans les zones qui ne sont pas encore touchées. Troisièmement, il faut organiser une vaccination au cours des périodes pendant lesquelles il y a peu de cas. Lorsque nous menons des études, nous constatons que le choléra persiste même pendant les périodes de faible contamination. Une vaccination à ce moment-là permettrait de protéger la population et d’éviter la propagation de la maladie. 

La vaccination n’est efficace que si elle est menée à grande échelle. Si vous ne vaccinez que la population d’une aire de santé touchée, alors que cette population est mobile, vous n’aurez pas le résultat escompté. C’est d’autant plus vrai quand, par exemple, une épidémie survient dans une grande ville comme Goma. Pour l’heure, faute de vaccins disponibles en quantité suffisante pour un pays aussi vaste que la République démocratique du Congo, nous devons cibler les aires de santé touchées. Le vaccin est donc un outil complémentaire à d’autres actions qui nous permettent de circonscrire et d’éliminer le choléra.

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A.D.A : Quels sont les autres outils de lutte contre la maladie ?

Dr A.A : Cela commence avec la surveillance, avec l’investigation des cas, le renforcement de la prise en charge des patients, l’amélioration de l’assainissement et de l’accès à l’eau potable. La communication avec la population est également primordiale. Ensemble, ces outils permettent de rapidement contrôler des épidémies de choléra.

L’attitude de la population est très différente si une épidémie survient dans une zone où la maladie est récurrente ou dans une zone où le choléra n’est pas connu. Dans les zones non endémiques, les gens ont peur et réagissent plus vite. Enfin, il faut renforcer les systèmes de santé au niveau des foyers épidémiques.

A.D.AQuelles leçons tirées des précédentes épidémies appliquez-vous aujourd’hui ?

Dr A.A : Aujourd’hui, nos ripostes aux épidémies de choléra sont des ripostes communautaires. Il faut mener la riposte au sein des communautés, au niveau même des ménages. C’est au niveau des ménages qu’il faut mener la sensibilisation à la maladie et à la prévention, qu’il faut expliquer quoi faire quand il y a un cas, comment orienter ce cas vers les centres de traitement. Cela s’accompagne de distribution de savon, de produits de traitement de l’eau et des médicaments, mais aussi d’un travail d’amélioration de la qualité de l’eau avec les entreprises qui la distribuent. Il y a aussi des actions à mener en termes d’assainissement et de gestion des déchets, et de construction de latrines. Cette approche multisectorielle au niveau des ménages permet de responsabiliser les communautés afin de contrôler et d’éliminer le choléra

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