Les moustiques vecteurs du paludisme piqueraient souvent en journée, selon une étude
Une étude menée par des chercheurs de l’Institut Pasteur de Bangui et de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) en France affirme qu’environ 30% des piqûres des moustiques vecteurs du paludisme ont lieu pendant la journée.
De quoi remettre en cause nos certitudes. Alors que certains pays africains attendent le déploiement du vaccin contre le paludisme, une nouvelle découverte scientifique pourrait faire changer les moyens de lutter contre la maladie qu'on appelle aussi malaria.
Une étude menée à Bangui, en Centrafrique, et publiée mardi 17 mai dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), souligne que les moustiques transmetteurs du paludisme en Afrique ne piquent pas uniquement la nuit.
Les moustiques hyper actifs en journée
‘’Pourquoi, depuis quelques années, le taux d'incidence du paludisme en Afrique stagne ? Alors qu'avec la distribution de moustiquaires imprégnées d'insecticide (pour se protéger des moustiques la nuit pendant le sommeil, ndlr), il y a eu au début une chute assez spectaculaire de l'incidence du paludisme ? Celle-ci s'est arrêtée’’, indique Carlo Costantini, entomologiste médical, chercheur à l’IRD, un des auteurs de l’étude.
Avec ses collègues, il a travaillé sur une hypothèse qui met en cause le comportement des moustiques. Les chercheurs ont organisé une collecte d'insectes un peu particulière à Bangui pour décrypter les us et coutumes de ces moustiques du genre Anopheles. L’opération s’est déroulée pendant un an, à raison de deux jours par mois, avec des captures sur hommes, volontaires, jour et nuit.
"Chaque fois qu'un moustique se posait sur la peau, le volontaire utilisait un tube dans lequel il capturait le moustique, de telle sorte que l'on savait à quelle heure ce moustique avait essayé de le piquer. À notre grande surprise, un tiers des piqûres avait lieu tout au long de la journée, pendant les heures de lumières et surtout à l'intérieur des maisons, alors que personne ne considérait cette fenêtre de temps comme une fenêtre possible de transmission du paludisme", explique Carlo Costantini.
Les Anopheles peuvent "sentir" les insecticides
Par conséquent, les auteurs notent que si les résultats de l’étude se confirment ailleurs que dans la capitale centrafricaine, cela voudrait dire que la pulvérisation d’insecticide longue durée sur les murs des écoles par exemple, et non plus seulement dans les habitations, pourrait être utile. Mais dans ce cas aussi, il faudra faire attention au type d’insecticide à utiliser puisque qu’une autre étude a démontré, il y a trois ans, que les moustiques du genre Anopheles peuvent "sentir" les produits chimiques.
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En effet, ils peuvent résister aux insecticides de 1ère et 2ème génération. Une capacité qui s'explique notamment par la présence de protéines au bout de leurs pattes qui leur permet de sentir les produits chimiques. C'est ce qui ressortait d'une étude publiée dans Nature menée par des scientifiques anglais à Liverpool. Ces chercheurs ont étudié des moustiques qui vivent au Cameroun, en Guinée ou encore au Burkina Faso.