L'insuline, un bien commun de plus en plus rare en Afrique
Les sociétés pharmaceutiques produisant de l’insuline doivent de toute urgence multiplier leurs efforts pour en finir avec “l’iniquité flagrante” dans l’accès aux médicaments vitaux pour les personnes atteintes de diabète dans les pays africains, selon un rapport.
L’insuline – découverte il y a plus de 100 ans – est prescrite essentiellement aux personnes diagnostiquées avec un diabète de type 1 précoce pour aider à prévenir les complications et la mort. Mais ce traitement révolutionnaire n'est pas toujours accessible en Afrique, selon le rapport publié récemment par Access to Medicine Foundation, une organisation néerlandaise qui tente de responsabiliser les entreprises pharmaceutiques. Dans certains pays du continent, l'insuline est même introuvable. Une pénurie qui survient à l'heure où de nombreux pays africains sont menacés par une explosion du nombre de cas de diabète.
Alors que seulement trois fabricants contrôlent la majeure partie du marché mondial de l'insuline ( Eli Lilly, Novo Nordisk et Sanofi), cette faible concurrence entraine aujourd'hui des prix élevés qui sont prohibitifs pour beaucoup de personnes et de systèmes de santé. Selon le rapport d'Access to Medicine Foundation, seuls 29 pays sur 108 analysés ont toutes les insulines classées comme “médicaments essentiels” par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et un seul d’entre eux est un pays à faible revenu. Le document révèle aussi qu'aucune insuline n'a été enregistrée dans 24 pays, dont la majorité en Afrique.
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Améliorer l'accès au traitement
Face à cette situation, les principaux fabricants d’insuline multiplient les initiatives pour améliorer l’accès à ce traitement clé dans la thérapie des diabétiques. Mais les différents programmes mis en place sont insuffisants, selon le rapport. Ce dernier insiste également sur l'importance d’augmenter le nombre et le type d’insuline sur le marché dans les pays à revenu faible ou intermédiaire pour accroître sa disponibilité et son accessibilité.
"Le diabète est en augmentation dans le monde, et cette augmentation est plus rapide dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Trop de personnes qui ont besoin d'insuline rencontrent des difficultés financières pour y accéder ou s'en passent et décèdent", regrettait l'an dernier le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans un communiqué. Même son de cloche du côté de l'ONG Médecins sans frontières (MSF) qui estime qu'il faut en faire beaucoup plus pour faire baisser les prix des traitements contre le diabète. "L'OMS et les gouvernements doivent exiger que les sociétés pharmaceutiques ouvrent leurs livres de comptes pour montrer pourquoi les prix des différents types d'insuline restent si élevés", espère la branche sud-africaine de MSF. Plus que jamais.