Madagascar : la famine s'aggrave sur la Grande Île
La famine qui sévit à Madagascar n'est pas près de se finir. Pire, selon l'OMS, la situation continue de s'aggraver, mettant des millions de Malgaches en danger.
La kéré, le nom malgache de la famine, resserre son emprise dans le sud de Madagascar et met chaque jour en péril de nouvelles vies. Plus d'1 million de Malgaches souffrent de la faim et parmi eux, 14.000 sont particulièrement à risque, met en garde l'Organisation des Nations Unies (ONU).
Plusieurs institutions, inquiètes de l'évolution de la situation sur la Grande Île, se sont exprimées pour sonner l'alarme. L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM), tentent d'alerter sur cette crise "qui risquerait de rester invisible". En effet, l'île reste largement inaccessible à l'aide humanitaire comme aux médias, en raison du confinement. Et les agences humanitaires et ONG peinent à sensibiliser sur la tragédie qui se joue en ce moment, alors que les fonds manquent pour apporter suffisamment d'aide.
Pire sécheresse depuis 40 ans
La région traverse la pire sécheresse depuis une quarantaine d'années. La sècheresse record, qui s'est accumulée pendant trois années consécutives, "a anéanti les récoltes". Des années de déforestation et "l'érosion qui en résulte, désormais aggravée par le changement climatique, ont abîmé l'environnement et des tempêtes de sable sans précédent ont transformé de vastes étendues de terres arables en friches", selon l'ONU. Après des mois de famine, les réserves sont épuisées et aujourd'hui, ce sont près de 14.000 personnes qui ont atteint le niveau "catastrophe", soit la phase la plus élevée sur une échelle de 5 étapes d'insécurité alimentaire mise en place en 2016.
"Si des mesures urgentes ne sont pas prises maintenant", le nombre de personnes dans cette catégorie critique va doubler au cours de la prochaine période de soudure". Et les premières victimes, dans ce type de situation, sont toujours les enfants en bas âge. "Des enfants sont affamés, des enfants meurent", s'insurge Amer Daoudi, directeur des opérations du PAM. "J'ai rencontré une mère avec un enfant de huit mois qui semblait n'en avoir que deux. Elle avait déjà perdu son aîné", raconte-t-il à son retour d'une mission dans l'une des zones les plus touchées de l'île, le Sihanamaro.