Malgré un nombre de décès assez faible, le Covid-19 n'épargne pas l'Afrique
L’épidémie de Covid-19 en Afrique est-elle plus grave qu'annoncée ? C’est ce que suggèrent plusieurs enquêtes de séroprévalence réalisées dans six pays d’Afrique et récemment publiées par le centre épidémiologique Épicentre, la branche recherche de Médecins sans frontières (MSF).
C'est un fait : le nombre de cas confirmés de Covid est particulièrement bas sur le continent, comparé au reste du monde. À l'heure où ces lignes sont écrites, l'Afrique recense presque huit fois moins de cas que l'Europe. Une belle surprise, au vu des scénarios catastrophes annoncés au début de l'épidémie et le faible taux de vaccination contre le coronavirus en Afrique.
Mais en octobre dernier, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a révélé que des millions de contaminations passaient sous les radars des autorités sanitaires sur le continent. De là à dire que que l'épidémie de Covid-19 est sous-estimée chez nous, il n'y a plus qu'un pas que vient de franchir Epicentre, la branche recherche de Médecins sans frontières (MSF).
Beaucoup de contaminations, mais peu de formes graves
Pour mieux comprendre l'évolution étonnante du Covid-19 en Afrique, le centre épidémiologique Épicentre a réalisé plusieurs enquêtes de séroprévalence (qui reflètent une ancienne contamination) dans six pays (Niger, Mali, Soudan, Kenya, RD Congo et Cameroun). Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les résultats laissent sans voix : les taux d’infections dépassent largement les chiffres officiels. Selon les enquêtes, 25% des Maliens ont été infectés par le Covid-19, à un moment donné, alors que le taux national officiel tourne autour de 0,07 %. Au Niger, c'est près de 42 % contre 0,02 %. De gros écarts qui s'expliqueraient notamment par le pourcentage élevé de personnes asymptomatiques au Covid-19.
Ces enquêtes suggèrent aussi qu'il y a peu de formes graves sur le continent. Il faut dire que de nombreuses études scientifiques montrent que les jeunes ont moins de risques de développer des formes graves de la maladie. Et en Afrique plus qu'ailleurs, la population est très jeune : 60% des Africains ont moins de 25 ans, selon les chiffres de l'ONU. Si cette hypothèse tend à se confirmer, les chercheurs d'Epicentre continuent leurs enquêtes pour mieux comprendre la dynamique du Covid-19 sur le continent.
Mais ces résultats alarmants ont été rendus publics, alors que le variant Omicron gagne dangereusement du terrain en Afrique. Au cours de la dernière semaine (du 20 au 26 décembre), le continent a fait état de "la plus forte augmentation du nombre de nouveaux décès (72 %), suivie par l’Asie du Sud-Est (9%) et la Région des Amériques (7%)", précise l'ONU. Selon l’OMS, cela représente "le plus grand nombre de cas hebdomadaires notifiés depuis le début de la pandémie". Rien que ça.