Maroc, Algérie et Tunisie sous le signe du scorpion
Chaque année, le scorpion pique 100.000 personnes au Maroc, en Algérie et en Tunisie. Faute d'une prise en charge rapide, certains de ces accidents peuvent avoir des conséquences parfois mortelles.
Triste nouvelle. Au douar Rgharyine dans la province de Taounate, au nord du Maroc, un enfant est décédé, il y a quelques jours, suite à une piqûre de scorpion. En l'absence de traitements appropriés, l’enfant a été transféré dans différents hôpitaux avant de rendre l'âme à Fès.
Que ce soit au Maroc, en Algérie ou en Tunisie, les décès représentent 1 à 2 % des piqûres et concernent essentiellement des enfants et des adolescents. En raison de leur constitution fragile, ces derniers peuvent être victimes de graves complications. Et "plus la quantité de venin de scorpion injecté est grande et le poids de l’enfant faible, plus le risque de décès augmente. C’est pour cela que les enfants de moins de 15 ans représentent, chaque année, 95 à 100% des morts liées aux piqûres et envenimations scorpioniques (PES) au Maroc", précise Ghizlane El Oufir, médecin toxicologue en charge du programme des piqûres de scorpions.
Des scorpions mortels au Maghreb
Apparus il y a plus de 500 millions d'années en milieu marin, les scorpions ne cessent de nous surprendre. Capables de s'adapter à des températures extrêmes (de -10 à +70°C), de jeuner à souhait ou de résister aux radiations, ces fossiles vivants sont pourtant craintifs. Ils ne piquent que pour se défendre ou neutraliser une proie. D’ailleurs, ils peuvent piquer, sans injecter de venin. Pour les espèces dangereuses, le venin est très puissant. Il n’est déversé en faible quantité (quelques microlitres) mais est capable de tuer rapidement des petits mammifères, comme des souris.
Sur environ 1.500 espèces identifiées dans le monde, un peu plus d'une vingtaine sont mortelles. Mais certaines d'entre elles se concentrent essentiellement dans les pays nord-africains. On peut notamment citer le Leiurus quinquestriatus qui est également appelé "rôdeur mortel". Réputé très dangereux, ce scorpion sévit au Maroc, en Tunisie et en Algérie.
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La lutte commence à porter ses fruits
Mais ces dernières années, de nombreux efforts ont été réalisés dans la lutte contre ces piqueurs. En Algérie, le nombre d’envenimations et de décès scorpioniques baisse. Les autorités algériennes ont enregistré 40.138 cas et 22 décès en 2021, contre 44.019 cas et 30 décès l'année précédente. Même constat au Maroc où une stratégie nationale a conduit à la chute du taux de mortalité lié aux piqûres de scorpions (de 2,37% en 1999 à 0,16% en 2019).
Quant à la Tunisie, elle enregistre chaque année entre 20 à 40.000 piqûres de scorpions. Mais si le pays déplorait une centaine de décès par an, "ce chiffre a baissé à moins d'une dizaine seulement au début du millénaire", précise le Dr Choukri Hamouda, directeur Général des soins de Santé de base (DSSB). Alors increvable, le scorpion ? Pas si sûr.