Au Cameroun, les bébés prématurés sauvés par la méthode "mère Kangourou"
Pour pallier le manque de couveuses au Cameroun, le pays mise sur cette technique de soins pour des enfants prématurés.
Elle sauve des vies ! Inspirée de l'animal australien, la méthode mère Kangourou a été développée à la fin des années 1970 en Colombie pour pallier le manque de couveuses et lutter contre la transmission des infections néonatales. Introduite au début des années 2000 au Cameroun la pédiatre Odette Guifo, cette technique consiste à placer le nourrisson contre la poitrine de sa mère (ou encore le père). Pour en savoir plus sur les bienfaits de cette méthode de soins pour des enfants nés prématurément, on a rencontré la Dr Guifo. Entretien.
Allodocteurs.africa : Qu’est-ce que la Méthode Mère Kangourou ?
Dr Odette Guifo: C’est une pratique de santé fondée scientifiquement et recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour les nouveaux-nés prématurés (né avant 37 semaines de gestation) et/ou de petit poids de naissance. Nous la pratiquons au Cameroun depuis Octobre 2000 parce que le contexte s’y est prêté. Il y avait alors une pénurie des incubateurs d’élevage.
Ce principe physique de peau à peau nous a rapidement séduit. Deux corps en contact équilibrent leur
température, ce qui permet de lutter contre l'hypothermie qui menace les prématurés. Les battements du cœur du porteur empêchent les pauses
respiratoires et les apnées. En effet, les prématurés peuvent oublier de
respirer. L’allaitement maternel est plus simple, alors que l’immaturité du système de défense est compensée par l’hygiène
stricte.
A.D.A. : Quel est le bilan de la méthode "mère Kangourou" au Cameroun ?
Dr O.G. :
Les résultats sont encourageants et nous amènent à vouloir couvrir l’ensemble du territoire
camerounais, puis notre sous-région et l’international. La mortalité des prématurés et des
nouveau-nés de moins de 2.000 grammes dans l'unité néonatale est passée de 39% en l’an 2000 à 5,3% en 2021.
A.D.A. : Comment se décline l’avenir de la Fondation Kangourou Cameroun ?
Dr O.G. : Nous sommes à une phase de passage à l’échelle, ce qui signifie pour nous une évolution positive. Aujourd'hui, il est question de rendre autonome nos unités formées, créées et suivies. Notre rôle avec l’aval du ministère de la Santé est un rôle de formation, d’accompagnement, d’évaluation et d’accréditation des unités kangourou. En parallèle, la création d’autres centres d’excellence nous permettra de désengorger l’unique centre d’excellence actuel.