Paludisme : au Sénégal, Sédhiou accélère sa riposte à l'heure de la Covid-19
Après avoir enregistré son premier cas de coronavirus (Covid-19) fin avril, la ville de Sédhiou, au sud du Sénégal, multiplie ses efforts pour prévenir le paludisme, une autre maladie infectieuse qui peut être mortelle.
C'est la saison de tous les dangers. Depuis quelques jours, le Sénégal connait sa saison des pluies. Cette fameuse période des moussons, connue sous le nom d'hivernage, facilite la transmission de plusieurs maladies infectieuses. Parmi celles-ci, on peut notamment citer la méningite et le paludisme. Et à Sédhiou, vers la frontière avec la Guinée Bissau, les autorités sanitaires se mobilisent pour prévenir l'apparition de ces pathologies.
Transmis par les piqûres de certains moustiques infectés, le paludisme est responsable de la mort d'au moins 20 personnes dans la région en 2019. En même temps, le Sénégal a connu une baisse drastique du nombre de cas de paludisme sur l'ensemble du territoire national. Et même si les autorités n'ont pas observé un rebond des contaminations à cette maladie qui porte aussi le nom de malaria, elles n'ont pas hésité à s'activer sur le terrain. A Sédhiou "aucun décès lié au Covid-19 n’est enregistré [pour le moment], mais si l’on n’y prend pas garde, le paludisme va tuer beaucoup d’individus", estime le Dr Amadou Yerri Camara, chef de la région médicale. "Même si on a enregistré un bon résultat l’année dernière dans cette lutte contre le paludisme, il est souhaitable d’accélérer le travail pour l’obtention de meilleurs résultats", insiste Pape Demba Diallo, gouverneur de Sédhiou (sud).
La riposte s'organise
Après avoir mis en place de nombreuses campagnes de "chimioprévention" du paludisme saisonnier via des médicaments mais également des stratégies communautaires qu'on appelle "prise en charge à domicile", les autorités ont lancé des opérations de destructions des gîtes larvaires sur l'ensemble du territoire national. A Sédhiou, un nouveau programme de lutte contre le paludisme a récemment vu le jour et une campagne de sensibilisation sur les moustiquaires imprégnées vient de démarrer.
A l'heure où les populations évitent d'aller dans les structures de santé par peur d'être contaminés au coronavirus, le Dr Doudou Sène, coordonnateur du Programme National de Lutte contre le Paludisme au Sénégal explique à AlloDocteurs Africa qu'il est important d'affronter les deux orages en même temps : "il faut éviter que le paludisme fasse plus de décès que le coronavirus qui semble moins toucher l'Afrique. Sur les chiffres de 2018, on remarque que 96% des décès des suites du paludisme sont en Afrique. Il faut donc que les gens soient conscients du risque que nous avons à uniquement se focaliser sur le Covid-19".