Pourquoi le garrot est déconseillé en cas de morsure de serpent
Alors que les morsures de serpents se font de plus en plus nombreuses en cette fin juin, Allo Docteurs Africa revient sur une idée reçue concernant le garrot.
Il est à proscrire ! Après une morsure, on pense à tort qu'il faut faire un garrot. Mais cette technique ancestrale n'est pas bonne. Dans le moins dramatique des cas, sa pose s'avère inutile.
“Le garrot, tel que pratiqué par le passé, est à la limite dangereux et cause, très souvent, plus de dégâts. Les connaissances actualisées sur le venin de serpent nous ont appris que le garrot, s'il devrait être appliqué pour retarder la circulation du venin (qui n'est pas automatiquement injecté à chaque morsure) doit être posé par une personne experte, et pour certaines envenimations seulement“, explique le Dr Armand Nkwescheu, un épidémiologiste qui vient de mener une étude sur les morsures de serpents au Cameroun.
Le garrot et les différentes envenimations
Selon les propriétés des différents venins des serpents, on distingue 3 syndromes d’envenimation : cytotoxique, hématotoxique et neurotoxique. Les 2 premiers syndromes ont en commun une douleur intense. Le syndrome neurotoxique est généralement indolore, mais peut s’accompagner de nécrose. Le Dr Nkwescheu précise que, dans le cas d'une envenimation cytotoxique, le garrot ne sert à rien puisque le venin agit essentiellement autour du point de morsure.
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“S'il s'agit d'une morsure hématotoxique, le venin aussi petit que soit la quantité passée, doit avoir des effets et n'a pas besoin d'arriver dans la circulation centrale pour se fixer aux récepteurs et produire un effet“, poursuit le Dr Nkwescheu. Pour ce qui concerne l’envenimation neurotoxique, "un bandage compressif est alors possible pour retarder sa circulation vers le système nerveux central“, précise le spécialiste.
Les gestes qui sauvent
Au Cameroun, il existe environ 270 espèces de reptiles. Parmi les dix régions du pays, c'est le Sud-Ouest qui recense le plus grand nombre de serpents venimeux. En cas de morsure, si le type d'animal n’est pas identifié, il faut rapidement consulter, même en l’absence de signe d’envenimation.
Hormis le garrot, les médecins interdisent de faire saigner la plaie au moyen de scarifications, comme c’est souvent le cas en Afrique Centrale. Ils déconseillent aussi les décoctions, les urines, la bouse de vache sur la plaie, ou de se forcer à vomir. En parallèle, ils recommandent de retirer toutes les bagues, montres et tout vêtement serré. Ils insistent aussi sur l'importance de panser et immobiliser le membre mordu sans qu'il soit trop serré, en position fonctionnelle, à peu près au niveau du cœur.