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Pr Aimé Bonny :"Les outils de diagnostics des arythmies cardiaques sont très chers en Afrique"

Notre coeur bat en moyenne 60 à 90 fois par minute. Mais il arrive que ce rythme devienne irrégulier : il s'accélère ou diminue soudainement. C'est l'arythmie cardiaque. Quels sont les traitements possibles au Cameroun ou en Afrique ? Le Pr Aimé Bonny nous dit tout.

Arnaud Ntchapda
Rédigé le , mis à jour le

Le pacemaker, vous connaissez ? C'est un petit dispositif implanté sous la peau qu'on appelle également "stimulateur cardiaque" ou "pile". Au Centre Hospitalier Universitaire de Libreville (CHUL) au Gabon, des patients souffrant de troubles du rythme cardiaque en bénéficient depuis fin novembre. Conçu pour reproduire le mécanisme de régulation naturel du cœur et ainsi, pomper le sang dans tout l'organisme, le pacemaker est généralement implanté chez les personnes atteintes d'arythmies cardiaques, c'est-à-dire des battements de coeur irréguliers. 

Les troubles du rythme cardiaque peuvent toucher tout le monde, même les personnes jeunes de moins de 45 ans. Et on distingue plus de soixante arythmies différentes. Mais les plus fréquentes sont : 
- la bradycardie, lorsque le coeur ralentit
- la tachycardie, lorsqu'il s'accélère 

Si la prise en charge de ces différents troubles du rythme cardiaque s'améliore en Afrique, la plupart des institutions sanitaires sont dans l'incapacité de s'offrir le matériel nécessaire. Ce que déplore l’African Heart Rhythm Association. Son président, le Pr Aimé Bonny, cardiologue, dresse un triste état des lieux. 

Allo Docteurs Africa : Est-ce que vous diagnostiquez régulièrement des troubles du rythme cardiaque ? 

Pr. Aimé Bonny : Grâce à l'augmentation des spécialistes en maladies cardiovasculaires en Afrique, on fait davantage de bons diagnostics. Les troubles du rythme n'échappent pas à cette tendance, bien qu'ils restent moins fréquents qu'en Occident. Une situation qui s'expliquerait par une moyenne d'âge plus jeune de la population africaine. En effet, la plupart des causes des troubles du rythme cardiaque sont liées à l'âge, au vieillissement du tissu cardiaque autant que de l'organisme. 

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A.D.A : Quels sont les obstacles rencontrés en Afrique pour détecter les arythmies cardiaques ?   

Pr. A.B. : La rythmologie (une spécialité de la cardiologie dédiée à la prise en charge des anomalies du rythme cardiaque) est très coûteuse. En dehors de l'électrocardiographie qui nécessite beaucoup d'investissements, les outils de diagnostics des arythmies cardiaques sont très chers pour des systèmes de santé aussi fragiles que ceux de la plupart des pays africains. Il faut compter au moins 8.000 euros pour un bon équipement d'enregistrement continu du rythme cardiaque, 20.000 euros pour avoir un bon appareil d'échographie cardiaque et des centaines de milliers d'euros pour une salle de cathétérisme cardiaque pour le diagnostic et le traitement invasif des arythmies cardiaques. 

A.D.A : Vous êtes le président de l'African Heart Rhythm Association. Quel est le rôle de cette entité ?

Pr. A.B. : L'African Heart Rhythm Association (AFHRA) regroupe les groupes de travail de rythmologie de tous les pays africains. Le but étant d'améliorer la prise en charge des maladies cardiaques liées aux troubles du rythme. Ceci passe par l'information générale, la sensibilisation, la formation des jeunes médecins et cardiologues à travers des séminaires virtuels et présentiels, l'établissement des recommandations de bonnes pratiques médicales. 

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A.D.A : Que faut-il pour que les troubles cardiaques soient mieux pris en charge ?  

Pr. A.B. :  Pour une meilleure prise en charge des malades souffrant des troubles du rythme cardiaque, il faut :
- investir dans la formation du personnel médical (Cardiologues spécialisés en rythmologie, paramédicaux), - - investir dans l'acquisition des équipements diagnostic et de traitement
- introduire précocement les nouveaux traitements mis sur le marché mondial (telle que les anticoagulants, les nouvelles molécules de l'insuffisance cardiaque)
- investir dans la recherche clinique

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