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Pr Emile Mboudou : “Aujourd'hui, le Cameroun ne peut pas élargir l'accès à l'avortement sécurisé"

Le président de la Société des Gynécologues Obstétriciens du Cameroun (SOGOC), le professeur Emile Mboudou, estime que plusieurs conditions sont nécessaires pour un meilleur accès à l'avortement sécurisé.

Arnaud Ntchapda
Rédigé le , mis à jour le

Pourquoi le nombre de femmes décédées après avoir subi un avortement augmente-t-il dans les pays Africains où cette pratique a été récemment légalisée ? Le président de la Société des Gynécologues et Obstétriciens du Cameroun (SOGOC), le professeur Emile Mboudou, a la réponse. Que ce soit en Gambie ou en Zambie,"il n’y avait pas suffisamment de gens formés" pour assurer les avortements médicalisés. Pour en savoir plus sur l’interruption volontaire de grossesse en Afrique, on a échangé avec le Pr Mboudou. Entretien. 

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Allo Docteurs Africa : L’avortement sécurisé, c'est quoi au juste ? 

Professeur Emile Mboudou : Un avortement est sûr si la personne qui le pratique ou le facilite a reçu une formation et s'il est pratiqué selon une méthode recommandée par l'OMS et correspondant à la phase de la grossesse. Il existe deux méthodes d'avortement médicalisé : l'avortement par médicaments, par prise de comprimés et l'aspiration manuelle.

A.D.A : Qui peut en bénéficier ?

Pr. E.M : Au Cameroun, la loi autorise l'avortement pour les femmes qui sont en danger à cause de leurs affections, la situation du bébé qui est incompatible avec la vie ou le viol. Si les sages-femmes, les infirmiers et les médecins peuvent réaliser des interruptions volontaires de grossesse (IVG) médicamenteuses, une petite formation est indispensable pour poser les gestes corrects. Dans les grandes villes, nous avons suffisamment de personnes formées. Mais celles-ci sont plus rares dans les zones reculées. 

A.D.A : L’avortement reste un sujet tabou au Cameroun. Quelle est la position de la société des Gynécologues Obstétriciens du Cameroun ?

Pr. E.M : C’est celle du gouvernement, nous respectons les lois de la République. Notre activité s’inscrit dans la participation à la prise en charge des populations dans le cadre de la santé maternelle et de la reproduction. En plus de suivre la politique gouvernementale, nous apportons notre expertise à la politique sanitaire du pays en suivant les directives nationales. 

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A.D.A : Des pays africains ont récemment élargi le droit à l'avortement sécurisé. Qu'en pensez-vous ?

Pr. E.M : En ouvrant le droit à l’avortement de façon brutale, ils ont obtenu des résultats contraires à ceux qu’on attendait. Ils voulaient réduire la mortalité maternelle, mais ils l’ont aggravée. La légalisation de l’avortement est un problème éthique et sociétal, ce n‘est pas un problème médical. C’est la société qui doit dire aux médecins ce qu’ils doivent faire.

Certains pays, comme la Gambie et la Zambie, ont légalisé totalement l’avortement, sans avoir formé suffisamment de soignants. Ils n’avaient pas de structures  adéquates pour mieux gérer cette ouverture. C’est pour cela que je pense que s’il faut aller vers cette direction, il y a des conditions qui doivent être remplies au préalable. Aujourd’hui, techniquement, nous ne sommes pas prêts à élargir l’accès à l'avortement sécurisé.                   

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