Pr Henry Luma (HGD) : “Nous espérons que les médecins camerounais de l'étranger reviennent aider les malades du Cameroun"
En manque de médecins, le Cameroun mise beaucoup sur les innovations thérapeutiques. A l’hôpital général de Douala (HGD) qui se distingue avec son plateau technique de haut niveau en cardiologie, son directeur général fantasme de multiples espoirs dans la chirurgie cardiaque.
De l’humain ou de la technique pour nos hôpitaux de demain ? A Douala, le choix semble avoir été fait. Depuis plus d’un an, l’hôpital de la capitale économique du Cameroun ne cesse de renforcer son plateau technique. L'objectif est simple : rendre accessibles les différentes techniques de chirurgie du coeur. Si bien qu'aujourd'hui, les chirurgiens sont capables de réaliser ce qui était inimaginable, il y a encore quelques années. Preuve de ces dires, le premier pontage aorto-coronarien de l’histoire de l’Afrique subsaharienne a été réalisé fin octobre au sein de l'hôpital général de Douala. Mais alors que le Cameroun ne compte qu'un seul médecin pour 10.000 habitants, on a a échangé avec le Pr Henry Luma, directeur général du HGD pour découvrir les nouvelles ambitions de l'institution sanitaire. Entretien.
Allo Docteurs Africa : L'hôpital général de Douala s’investit beaucoup dans la chirurgie cardiaque. Quelle est votre ambition à court et à long terme ?
Pr Henry Luna. : Nous essayons d'abord de remplir notre mission qui consiste à prodiguer des soins de haut niveau, afin de diminuer le nombre des évacuations sanitaires. La cardiologie est un secteur que nous avons choisi, mais aussi surtout pour lequel l’Etat a investi. Dans le cadre du Plan d’urgence du chef de l’Etat, nous avons acquis un certain nombre d’équipements. Par exemple, on a aujourd'hui des équipements de coronarographie qui nous permettent de réaliser cet examen.
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Ensuite sur le long terme, nous voulons pérenniser nos activités. Pour le moment, la chirurgie cardiaque est assurée par une équipe camerounaise et européenne. Mais nous espérons que les Camerounais de l’étranger reviennent aider les malades de leur pays. Nous avons demandé à des compatriotes vivant en Europe s’ils veulent revenir travailler avec nous. Nous attendons leur réponse.
A.D.A. : La prise en charge thérapeutique d'une maladie cardiovasculaire revient cher au Cameroun. Que proposez-vous pour les personnes qui n'ont pas les moyens de se soigner ?
Pr H.L. : Pour les malades assurés, ils dépensent 30% moins d'argent que s'ils avaient décidé de se faire soigner à l'étranger. Mais pour les Camerounais qui n'ont pas les moyens de se soigner, il y a une démarche précise. Après avoir constitué un dossier médical, l'hôpital contacte un assistant social qui mène son enquête. Les résultats de celle-ci sont envoyés au ministère de la Santé. Et c'est à ce niveaux que se décide le déblocage des fonds nécessaires pour la prise en charge thérapeutique. Ce processus concerne tous les malades qui ne seraient pas assurés, et non pas seulement les personnes atteintes de maladies cardiaques.
Mais la prise en charge des maladies cardiovasculaires est complexe. Car l'hôpital doit premièrement avoir assez moyens pour investir, alors que l'Etat s'est déjà engagé à fournir des équipements. Actuellement, nous sommes par exemple préoccupés par l’approvisionnement des consommables qui est difficile. Nous devons voir dans quelle mesure l’Etat peut nous aider à diminuer les taxes qui les concernent.