Ramadan : Dis-moi ce que tu manges, je te dirai comment tu te sens !
Le mois de Ramadan peut avoir un impact sur le moral des jeûneurs, selon la relation qu'ils entretiennent avec la nourriture. Petite déprime ou simple fatigue passagère ? Abdelilah Jarmouni Idrissi, psychologue et psychothérapeute nous éclaire.
La relation de l'homme avec son alimentation est aussi variée que les recettes de votre cuisine préférée ! Il y a ceux qui mangent une moyenne de trois repas par jour. Ceux qui lient le moment du repas à des émotions positives et ceux qui, même hors Ramadan, "oublient" de manger.
On sait que lorsque le taux de sucre dans le sang est trop bas, la sensation de faim devient de plus en plus forte. Et grâce aux chercheurs de l'université américaine de Guelph, dans l'Ontario, on en sait un peu plus sur les relations entre l'alimentation et l'équilibre émotionnel.
En s'intéressant à des souris affamées, ces scientifiques ont récemment prouvé que l'hypoglycémie, c'est-à-dire une baisse trop importante du taux de sucre dans le sang, peut entraîner un stress psychologique et physiologique. Même le comportement des rongeurs change. Ce que confirme un prélèvement sanguin effectué sur ces cobayes : augmentation de la corticostérone, une hormone produite par le cerveau en cas de stress et responsable à haute dose d’épisodes de dépression.
Quand la nourriture joue sur le moral
Après le premier cri de bébé à la naissance, manger est vital, instinctif. "C’est avec (la nourriture) que nous entrons dans notre première relation, car ce n’est pas une machine qui alimente le nourrisson. Très vite s’associe au fait de manger un fort aspect affectif qui varie selon la façon dont cela se passe : avec plus ou moins de temps disponible, de patience, de tendresse. Certaines mamans ont du mal avec un enfant qui ne veut pas manger, d’autres doivent les limiter, or cela tient souvent à la manière dont a débuté cette relation autour de l’alimentation", nous explique Abdelilah Jarmouni Idrissi, psychologue et psychothérapeute marocain.
Cette relation initiale avec l'alimentation est même ancrée dans le comportement de l'adulte, selon Jarmouni Idrissi. Mais c'est plus compliqué que ça : en grandissant, on ne mange plus seulement pour se recharger en énergie, mais aussi selon notre plaisir gustatif, pour nous réconforter ou apaiser nos émotions.
Selon le psychologue, les personnes qui associent la nourriture à des moments affectifs ont "tendance à trop manger pendant et après la rupture du jeûne, à emmagasiner des réserves avant le lever du soleil, du fait d’une anxiété qu’elles ne contrôlent pas". Et ce sont les excès qui influencent le moral. Même son de cloche pour les personnes qui ne mangent pas assez ou qui ont tendance à "oublier" de déjeuner.