Sénégal : les chefs religieux attaquent encore l’homosexualité
L’homosexualité, mieux tolérée ailleurs, se heurte souvent au Sénégal à l’intransigeance de la société et aux valeurs conservatrices des leaders religieux. Le khalife général des Tidianes la qualifie de "summum de la déviance".
"L’homosexualité est mauvaise. C’est le summum de la déviance", a encore martelé le khalife Serigne Babacar Sy Mansour, samedi 2 novembre en s’exprimant à la cérémonie officielle de la célébration de la naissance du prophète de l’islam. Les autorités de cette religion dont les adeptes dépassent les 95% au Sénégal dénoncent régulièrement cette pratique. Interpellant en même temps le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille assis à ses côtés, le guide religieux lui a notifié que la préservation des bonnes mœurs de ce pays est "sous sa responsabilité", dénonçant par ailleurs le fait que certaines associations se lèvent pour défendre "de prétendus droits" de la communauté LGBT.
L’Etat reçoit implicitement des pressions pour dépénaliser l’homosexualité même si le président Macky Sall a donné une position claire, au début de son mandat, en faisant savoir à son homologue américain d’alors, Barack Obama, en visite, que le Sénégal n’était pas prêt pour accéder à sa demande en faveur de cette communauté qui est de plus en plus libre dans plusieurs pays de l’Occident.
Contre productif pour la santé...
Il y a quelques mois est né le Collectif "And Sàmm Jikko Yi" (front de protection des valeurs en wolof), regroupant des associations religieuses, des mouvements citoyens, des structures de jeunes ainsi que des personnalités de la société civile. Il œuvre ainsi pour "défendre et protéger les valeurs morales, culturelles et religieuses du Sénégal", en plus "de combattre tout programme ou agenda susceptibles de porter atteinte à nos valeurs, entre autres".
En juillet dernier par exemple, ses membres ont rué dans les brancards après que le célèbre chanteur Waly Seck s’est affiché lors d’un concert avec un t-shirt aux couleurs LGBT. Il fut sévèrement attaqué sur les réseaux sociaux et accusé d’être soutenu par des "lobbys" homosexuels. D'un point de vue purement médical, il est prouvé que la discrimination des personnes homosexuelles ou bisexuelles est contre-productive en terme de santé publique, notamment dans la lutte contre le VIH / Sida, cela a d'ailleurs été prouvé au Cameroun. Dans d'autres pays d'Afrique, comme le Bénin, les personnes homosexuelles sont même victimes de discriminations et d'agressions.