Ulcère de Buruli, la "nouvelle lèpre" qui menace l'Afrique
Après la tuberculose et la lèpre, l'ulcère de Buruli est la troisième maladie tropicale mycobactérienne la plus courante au monde. En Afrique, elle fait même des ravages.
C'est une maladie chronique qui se développe très vite ! Signalé dans de nombreux pays d'Afrique Centrale et d'Afrique de l'Est, l'ulcère de Buruli (UB) menace la santé de plusieurs millions d'Africains. Causé par la bactérie Mycobacterium ulcerans qui fait partie de la même famille des agents responsables de la tuberculose et la lèpre, ce mal se caractérise par une destruction de la peau avec des ulcérations étendues, situées en général sur les jambes ou sur les bras. Faute d’un traitement précoce, les patients (dont la majorité ont moins de 15 ans) gardent des séquelles invalidantes sur le long terme.
Signalé dans 33 pays d’Afrique, des Amériques, d’Asie et du Pacifique occidental, l’ulcère de Buruli est, tout comme la lèpre qui continue de sévir sur le continent, classé par l’OMS dans le groupe des Maladies Tropicales Négligées (MTN). Et vu que ces deux pathologies se distinguent par leur manifestation cutanée et qu'elles touchent principalement les populations rurales, défavorisées et isolées, certains scientifiques n'hésitent pas à qualifier l'UB de "nouvelle lèpre".
Faciliter la détection de la maladie
Bien que le test PCR soit recommandé pour identifier les cas d'ulcère de Buruli, il est difficile d'estimer la prévalence exacte de la maladie sur le continent africain, en raison de l'éloignement des patients, du manque d’informations et des difficultés à réaliser un diagnostic biologique. Mais une nouvelle technique de dépistage pourrait changer la donne.
Epicentre - la branche Recherche et épidémiologie de Médecins sans frontières (MSF) - a réussi à mettre au point, au Cameroun, une nouvelle technique de dépistage basée sur un "score clinique". Grâce à des modèles mathématiques, Epicentre a créé un score qui "repose sur la classification de paramètres démographiques (âge et sexe) et cliniques, comme la taille et la couleur de la plaie". Pour déterminer le score, le médecin doit répondre à une série de questions "qui vont lui permettre de différencier un cas d'ulcère de Buluri d'une plaie chronique", nous précise Yap Boum II, épidémiologiste et représentant régional d'Epicentre.
Mieux prendre en charge l'UB
Si l'objectif est "que le score soit utilisé comme un outil de dépistage par les infirmiers et les médecins", l'épidémiologiste camerounais n'exclut pas l'idée de former des tradipracticiens sur l'usage du Score. Car près de 80% des malades de l'ulcère de Buluri ont recours à la médecine traditionnelle avant de se diriger vers un hôpital.
Attribuer un score à l’UB peut améliorer la prise en charge de la maladie dans tous les pays touchés. Epicentre l'a bien compris et n'hésite pas à travailler en partenariat avec l'OMS pour développer cette technique de dépistage dans les pays touchés, notamment en Afrique Centrale et en Afrique de l'Ouest.