Un médicament contre la bilharziose pourrait freiner l'infection par le VIH en Afrique
Considérée comme un facteur de risque de l’infection à VIH, en particulier chez la femme, la bilharziose continue de gagner du terrain au Cameroun. Mais un médicament pourrait limiter les contaminations.
Inconnue du grand public, la bilharziose est pourtant la deuxième maladie parasitaire la plus mortelle après le paludisme. Connue aussi sous le nom de schistosomiase, elle est provoquée par des vers parasites (nommés schistosomes, ou bilharzies), présents dans les eaux douces. L'Afrique subsaharienne regroupe la grande majorité des cas de bilharziose, selon les chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Si des traitements existent pour cette maladie tropicale négligée, celle-ci passe souvent inaperçue à ses débuts. Les complications (intestinales, comme des troubles du transit, du sang dans les selles, ou uro-génitales telles que du sang dans les urines, des brûlures en douleurs en urinant, etc) sont dues à l'installation des œufs dans divers tissus, se manifestent souvent plusieurs années après l'infection. Des lésions de divers organes (reins, foie...) sont potentiellement observables : développement de cancers urogénitaux, stérilité, décès.
Il existe 2 formes principales de bilharziose : intestinale et urogénitale, provoquées principalement par 5 espèces de vers nématodes. Et l'OMS estime que la schistosomiase urogénitale est un facteur de risque de l’infection à VIH, en particulier chez la femme.
"Un malade de bilharziose ne peut pas combattre le VIH"
Affaibli par la présence du parasite, l'organisme des malades de bilharziose est en outre plus fragile aux autres infections, virales et bactériennes. Parmi celles-ci, on peut notamment citer le VIH. "Un malade de bilharziose est dans un tableau d’immunodépression. Ses anticorps l’ont lâché, et son organisme ne peut pas combattre le moindre germe qu’il contracte", explique le Dr Serge Bruno Ebong, spécialiste camerounais en biologie moléculaire.
"La schistosomiase est une infection opportuniste à l’infection à VIH/SIDA", poursuit celui qui regrette que ses compatriotes n'aient pas l'habitude de consulter un médecin dès l'apparition de l'un des symptômes de cette maladie tropicale négligée. Et selon différentes études publiées ici et là, l'administration massive du praziquantel (le médicament recommandé contre toutes les formes de schistosomiase) peut limiter la transmission du VIH. Comme dirait l'autre, il n'est jamais trop tard pour bien faire