Vaccination au Cameroun : les médecins rappellent l’église catholique à l'ordre
Alors que l’église catholique au Cameroun émet des réserves sur la vaccination contre le cancer du col de l’utérus, l’Ordre national des médecins du Cameroun (ONMC) milite pour une participation massive à la campagne nationale de lutte contre cette pathologie.
L'Ordre national des médecins du Cameroun hausse le ton face à l'Église ! Et pour cause : les médecins camerounais travaillent d'arrache-pied pour mettre en place une campagne de vaccination pour protéger les femmes contre le cancer du col de l'utérus. Mais l'Église ne l'entend pas de cette oreille : elle a tenté de décourager la population, alors même que l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande désormais la vaccination pour les filles dès 9 ans.
Les médecins rappellent l'Église à l'ordre
La riposte de l'Ordre national des médecins du Cameroun ne s'est pas fait attendre : ayant pris connaissance "avec grand étonnement" d'une note rédigée par le vicaire d’Obala, Guy Sandjon, président de l’Ordre a vivement réagit. Il exhorte tous les médecins exerçants au Cameroun, "à faire œuvre de pédagogie pour susciter l’adhésion populaire aux programmes de vaccination institué par le gouvernement".
Autre rumeur, l’existence d’un quelconque vaccin de stérilisation des femmes : "Les populations doivent être informées qu’aucun vaccin n’a été créé avec pour objectif de stériliser les populations de femmes ou d'éradiquer une race de la surface de la terre" dément Guy Sandjon. Il reconnait que les vaccins, comme n'importe quel autre traitement, ne sont pas sans risque, "mais cela reste habituellement minime". Et en tout état de cause, "ces risques sont toujours inférieurs aux bénéfices escomptés".
L'Église méfiante face aux vaccins
Le vicaire général du diocèse d’Obala, dans la région du Centre s’était opposé à l’administration du Gardasil, le vaccin contre le papillomavirus, une infection qui peut entraîner des cancers du col de l'utérus. Dans les écoles, les collèges, les centres de formations et églises relevant de son diocèse, il recommandait "de ne pas soumettre les enfants au vaccin contre le col de l’utérus".
Même ton réprobateur dans le diocèse de Nkongsamba où Mgr Dieudonné Espoir Atangana avait invité toute la communauté chrétienne à se méfier. Le prélat conseillait plutôt les dépistages et le traitement en cas de cancer déclaré car pour l’Église, la vaccination des enfants mérite et exige "une profonde réflexion aussi bien scientifique qu’éthique". Face à ces interventions de dignitaires religieux, Guy Sandjon a du rappeler que la mise en oeuvre des politiques de santé "incombe au seul ministère de la Santé publique".
Une campagne boudée
Pour éliminer le cancer du col de l'utérus, le gouvernement camerounais a lancé une campagne massive de vaccination en septembre 2020. Une campagne qui a été boudée par la population : une étude montre que seulement 7% des Camerounaises connaissent l'existence d'un vaccin !
Pourtant, selon l’OMS, le Cameroun est particulièrement à risque : 40% des femmes du pays pourraient être touchées. C'est pour prévenir l'apparition de ces cancers que l'OMS et les médecins du monde entier mènent ces campagnes de vaccination. Mieux vaut prévenir que guérir !